La Divination chez les Romains

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Augures : Certaines affaires nécessitaient la consultation des augures. Cependant si ceux-là étaient rendus pour cause militaire initialement, à la fin ils ne sont rendus que pour le droit intérieur et non pour la guerre (les gens de guerre ne pouvant pas les rendre). Cicéron émet l’hypothèse que c’est pour cette raison que les augures sont souvent inexacts, car ils ne sont pas consultés pour le bon motif ni de la bonne manière. Il faut savoir que les gens n’hésitaient pas à « magouiller » pour ne pas consulter les augures : le général circulant dans une voiture fermée (il est ainsi voyageur et non en guerre), le paysan changeant le style de nœud de l’attelage (ainsi on n’a pas à tenir les augures des attelages). (II, XXXVI, deDiv, Cic).

Plutarque (Ier-IIe siècle après J.-C.) explicite, le pourquoi de la divination par les bêtes. Le corps des Pythies est enterré dans un lieu sacré et son corps se désagrégeant nourrit ainsi les terres et ce qui y pousse de ce pouvoir de divination. Les animaux pour le sacrifice sont élevés dans ce lieu sacré (source, bois) ainsi leur nourriture devient elle-même sacrée et celle-ci nourrit l’animal de sorte qu’il devienne propre à la divination. (de Pythica, Plutarque).

Auspices : II, XXXIV de Div, Cic (de ‘aues spicere’, observer les oiseaux)

Haruspices : personne lisant les présages dans les entrailles des animaux.

Tripudium : Variété d’auspices. On prenait deux poulets auxquels on présentait de la pâte de farine. S’ils refusaient de manger (ou alors sans appétit) le présage était mauvais. Par contre s’il mangeait goulûment ou que de la pâte tombait de son bec cela était vu comme un bon présage. Il y eut dans les légions romaines au moins jusqu’à l’époque de Marius toujours au moins deux poulets qui permettaient au général de savoir s’il était propice de livrer bataille ou non.

Sibylles : Il leur était interdit de prophétiser et elles disparurent. Cependant il y avait les Livres Sibyllins conservés par le Sénat et qu’il était interdit de consulter sauf avec l’autorisation d’icelui.

Prophétisme // dieux nomothètes : peut-être une explication des recours à la divination dans la sphère publique. Les dieux pourvoyeurs de l’ordre sont les pères de la loi. Les premiers ils dictent les règles aux hommes pour les rituels. La religion gréco-romaine est une religion auto-révélée, le dieu parlant directement au travers de la nature, l’oracle étant son interprète (d’où son nom oracula : petite voix/prière) ou le « medium » de la voix du dieu.

Cicéron (Ier siècle avant J.-C.) très sceptique sur la divination de manière générale. De divinatione II, XXXII : passage très drôle sur Aïus Loquens qui ne parla plus sitôt qu’il eut manifesté son existence et de Moneta qui ne donna jamais qu’un avertissement.

Le Lituus : la baguette augurale. Elle est faite d’une baguette de bois (férule sans doute) sans nœud et se finissant en spirale à son extrémité. L’augure s’en servait pour délimiter l’espace qui servait à consulter les auspices. Durant les sacrifices elle était également le symbole de son autorité. On pense que le lituus a pu être à une époque un symbole de celui qui rendait justice, à l’exemple du marteau du juge aujourd’hui (qui est lui d’origine germanique).

Les fulgurations : On regardait les éclairs comme des manifestations naturelles de la divinité. S’ils apparaissaient à droite à c’était un bon présage, à gauche il était mauvais. Mais les Grecs pensent l’inverse. D’où la question : est-ce une contradiction ou faut-il voir que le côté gauche des Grecs est vu comme « droit » (c’est-à-dire bon) et le côté droit comme étant « sinistre » ? demande Cicéron.

Philosophie : La philosophie est vue au moins jusqu’à Plutarque comme la raison éclairante, mais celle-ci se doit de rester soumise à la tradition religieuse des anciens (« patria » en grec) dite aussi ancilla theologiae. En effet la pratique religieuse a besoin de la philosophie pour ne pas tomber dans la superstition, mais un abus de philosophie peut faire tomber dans l’athéisme, ce qu’il faut comprendre comme défaire le lien qui unit les hommes aux dieux. Marinos dans « la Vie de Proclos » (ch.30) décrit d’ailleurs les chrétiens comme des athées, car ils détruisent le lien des hommes avec les dieux du culte traditionnel. Au moins jusqu’à la fin du Ier siècle après Jésus-Christ la philosophie est vue comme une forme de pratique religieuse, tout au moins on considère que seul le sage peut devenir prêtre. Plusieurs philosophes antiques parlent de cette difficulté de faire concorder la raison et les apparentes incohérences de la religion. « La physique exposée par Lamprias détourne notre pensée des dieux et nous met dans l’esprit une conception des causes semblable à celle du cyclope d’Euripide qui se refusait à sacrifier aux dieux et ne sacrifiait qu’à lui-même et à son ventre. » (Ammonios, Objections, 435 A-B)

La divination naturelle : elle est vue comme la manière directe qu’ont les dieux de communiquer leur volonté aux mortels. Elle est différente de ce qu’on appelle la mantique, la divination par l’intermédiaire d’un interprète. Les formes principales de divination naturelle sont les songes même s’il faut souvent un devin ou assimilé pour éclairer ceux-ci, les fulgurations, les accidents comme le fait de tomber ou que quelque chose nous tombe dessus qui sont vus comme de mauvais présages.

Sources :

Ciceronis De Divinatione http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/cicero_de_diuin02/lecture/4.htm
Plutarchi Moralia (Sur Isis et Osiris, Propos de table 745B, De defectu oraculorum, Pyth.o.r. –Pourquoi la Pythie ne rend plus ses oracles)
Nicole Belayche et Jörg Rüpke Divination et révélation dans le monde grec et romain, (rhr.revues.org/5301)
Nicole Belayche, Les dieux nomothètes. Oracles et prescriptions religieuses à l’époque romaine impériale, (rhr.revues.org/5254)
Dominique Jaillard, Plutarque et la Divination : la piété d’un prêtre philosophe, (http://rhr.revues.org/5266#bodyftn69)
http://rhr.revues.org/6103 + http://rhr.revues.org/6123

Auteur : Legion VIII Augusta

Histoire vivante et reconstitution historique du Ier siècle après J.C.

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