Lucius Neratius Proculus

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Tribun de la VIII sous le principat d’Hadrien

L(ucio) Neratio C(ai) f(ilio) / Vol(tinia) Proculo / Xvir(o) stlitibus iudican(dis) / trib(uno) militum legion(is) / VII Gemin(ae) Felic(is) et leg(ionis) / VIII Aug(ustae) quaest(ori) aedil(i) / pleb(is) Cerial(i) praet(ori) leg(ato) / leg(ionis) XVI Flaviae Fidel(is) / item misso ab Imp(eratore) / Antonino Aug(usto) Pio ad d[e]ducen/[d]as vex[i]llationes in Syriam ob / [b]ellum [Par]thicum praef(ecto) aerari(i) / militaris / co(n)s(uli) / municipes Saepinat(es)((CIL IX, 02457 = D 01076. Samnium. Sepino / Saepinum.))

Pour commémorer le consulat de Lucius Neratius Proculus, ses concitoyens du municipe de Saepinum ((Saepinum : petit municipe dans l’actuelle province de Cosenza (Calabre) au nord de l’actuelle Sepino, tout prés de la moderne Altilia, sur la voie de transhumance qui reliait Beneventum àCorfinium.)) lui offrent une statue. La dédicace rappelle, dans l’ordre direct, le « cursus honorum » du consul de la gens Neratia.

  • Xviro stlitibus iudicandis : Le jeune Lucius Neratius Proculus commence sa carrière par une des fonctions du vigintivirat, le poste de décemvir chargé de régler les différents d’état civil ((Le cursus sénatorial commence par des fonctions préliminaires, le tribunat de légion et levigintivirat. Le vigintivirat comprend quatre commissions : des fonctions relatives à l’état civil des citoyens (X viri stlitibus judicandis), à la frappe de la monnaie au nom du Sénat (III viri auro argento aere flando feriundo), à la justice et à la police chargée des exécutions capitales (III viri capitales), enfin à la direction de la voirie urbaine (IV viri viarum curandarum). Avant les Flaviens la carrière débute par la fonction de Tribun, dans une légion, et se poursuit par le Vigintivirat. Après les Flaviens, le « cursus honorum » débute par le vigintivirat.)) probablement sous le règne d’Hadrien.
  • Tribuno militum legionis VII Geminae Felicis et legionis VIII Augustae : Il effectue sa militia d’abord comme tribun à Legio (Léon) , en Asturie, dans la VIIe Gemina puis à Argentorate, en Germanie supérieure, dans la VIIIe Augusta.
  • Quaestori, aedili Plebis Cerialis, praetori : Il assume, dans l’ordre, les étapes d’une carrière sénatoriale classique (questeur, édile de la plèbe) pour parvenir à la préture.
  • Legato legionis XVI Flaviae Fidelis : Cette dernière magistrature lui ouvre les portes de sa première fonction prétorienne, le commandement de la XVIe légion, cantonnée à Samosate ((Samosate l’actuelle Samsat, en pays Kurde, a disparu sous les eaux du barrage Atatürc comme le très célèbre site de Zeugma.)), dans la province syrienne de Commagène.
  • Item misso ab Imperatore Antonino Augusto Pio ad deducendas vexillationes in Syriam ob bellum Parthicum: Les Parthes semblent vouloir profiter du changement de souverain (l’avènement d’Antonin qui succède, en 138, à Hadrien) pour lancer une offensive contre l’ Arménie.
    Une « simple lettre » d’Antonin dissuaderait Vologèse de tenter l’aventure et désamorcerait ces tensions. En réalité, une véritable démonstration de force appuie la missive impériale : dès 138, en Egypte, se préparent le matériel d’infirmerie et les textiles pour les besoins de l’armée de Cappadoce tandis que Lucius Neratius Proculus, le légat la XVIe Flaviae Fidelis, rassemble (au début de l’an 139 ?) une vexillation en prévision d’une guerre, « ob bellum Parthicum » ((Bernard REMY, Antonin le Pieu. Le siècle d’or de Rome (138-161), Fayard, 2005. et Histoire Auguste, Antonin le Pieu, 9, 6. « Il n’eut besoin que d’une lettre pour détourner le roi des Parthes du dessein d’attaquer les Arméniens ».)). Devant l’apparente fermeté d’Antonin et la menace militaire, les Parthes renoncent à leurs projets.
    Une émission monétaire de l’année 139, avec la légende PARTHIA COS II SC, célèbre la vassalité fictive du royaume parthe ((K. F. STROHEKER, Die Aussen politik des Antoninus Pius nach der Historia Augusta, in Historia Augusta Colloqium, Bonn, 1964-1965, Bonn, 1966, pp. 250-253. Les émissions monétaires datent cet événement de 139 ou peu après.)).
  • praefecto aerarii militaris, consuli: Après cette expédition, Neratius se voit nommé, pour trois ans, à la tête de l’aerarium militare. Cette promotion lui permet d’accéder au consulat, magistrature que l’épigraphe met tout naturellement en valeur, en la plaçant à l’avant dernière ligne.

Neratius pourrait avoir été préfet dans les années 140 à 142 ou 141 à 143 avec Salvius Julianus ou encore dans les années 143 –145 ou 144-146 en succédant à Salvius Julianus ((Mireille CORBIER : L’Aerarium saturni et l’Aerarium militare, administration et prosopographie sénatoriale, Paris, 1974, page 392.)).
Le consulat interviendrait alors soit pendant l’année 142 ((Ronald SYME, Hadrian and Italica, The Journal of Roman Studies, Vol. 54, Parts 1 and 2 (1964), pp. 142-149, place ce consulat suffect en 142.)), soit en 144, soit encore en 148, année pour laquelle les fastes consulaires ne sont pas complets ((A. DEGRASSI, I fasti consolari dell Impero romano dal 30 avanti Cristo al 613 dopo Cristo, Rome, 1952, pp. 41-42.)).

Lucius Neratius Proculus accomplit sa carrière sous les règnes d’Hadrien et d’Antonin. Il nous apparaît surtout comme un militaire ne devant ses promotions qu’aux services rendus.
Nous ne lui connaissons pas, à ce jour, de descendance ((Sa sœur, Neratia Procilla, épouse un notable d’Aeclanum, Caius Betitius Pietas :
CIL 09, 01132 = IDRE-01, 00106. Apulia et Calabria, Aeclanum.
[C(aio)] Betitio C(ai) f[il(io)] / [C]or(nelia) Pietat[i] / [p]raef(ecto) coh(ortis) pr[im(ae)] / [Fl]aviae Comm[age]/[n]orum q(uaestori) IIIIvir[o i(ure) d(icundo)] / [III]Ivir(o) quin[quenn(ali)] / [B]etitius Pius fil[ius] / [p]atri optimo e[t] / [N]eratia Proci[lla] / viro optimo fecer[unt].
)).

Auteur : Legion VIII Augusta

Histoire vivante et reconstitution historique du Ier siècle après J.C.

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