La logistique d’une légion romaine au haut-empire (Ier-IIe siècles ap. J.-C.)
Par Legion VIII Augusta • Publié dans : Armée romaine
Article paru dans La logistique, Revue de tactique générale (Ministère des Armées), n° 6, mars 2022, p. 66-80.
René CUBAYNES
Agrégé de l’Université
Docteur ès Sciences
Post-Doc en Histoire antique, EPHE, Paris
Président honoraire de la VIIIe légion Auguste (Autun, France).
Pouvoir mobiliser des milliers d’hommes, au fil des victoires comme aux lendemains des plus cuisantes défaites, pour les lancer sur les routes, les pistes ou en rase campagne, au rythme du pas des hommes et des mules, voilà la première force de l’armée romaine.
Déployer une logistique faite de milliers de mules, de bœufs, de chevaux et de chariots pour acheminer vivres, munitions, fourrages vers l’avant, tout ce qui conditionne la survie d’une légion, sa capacité à se déplacer, à se battre car « dans toute campagne, l’arme la plus efficace consiste à avoir assez de nourriture pour ses troupes1 ». Voilà la deuxième grande force de l’armée romaine.
Nous rappellerons, dans un premier temps, quelle seraient la ration alimentaire journalière du soldat romain et la composition théorique d’une légion du Haut-Empire, puis nous évoquerons les problèmes logistiques qui se posent à toute légion en campagne.
FRUMENTUM COMMEATUSQUE2
La ration alimentaire journalière du légionnaire romain comprendrait de 0,815 à 1 kg de blé3 (riche en vitamines, calcium et fer), le frumentum4, et de 460 à 487 g5 d’autres provisions, regroupées sous le terme de commeatus (viande, saucisse, boudin, jambon, lard, végétaux, fromage, huile d’olive, sel, boissons…). Le blé représenterait ainsi 60 à 65 % de l’alimentation du soldat romain et la même proportion de calories6.
Cette estimation conduirait à proposer un ravitaillement minimum de 4,5-5,3 tonnes de grain par jour pour l’ensemble des seuls légionnaires (fantassins et cavaliers), des centurions et cela sans préjuger de la hiérarchie des soldats et donc des disparités qui pouvaient exister dans les rations journalières7. Il faudrait ajouter le blé nécessaire aux calones8 des contubernia9 (soit tout de même plus de 1300 valets), et à l’état-major…
LA LÉGION IMPÉRIALE, UNE LÉGION MODULAIRE ?
Nous basons ce modèle, théorique et très simplifié, d’une légion impériale sur le contubernium, une « chambrée » de 8 hommes10 avec une tente11 et son matériel (Fig. 1).
Fig. 1 : Portrait-robot d’une légion impériale
Le Contubernium, module de la légion
|
Artillerie 59 scorpions (1 par centurie)
10 balistes (une par cohorte)
|
Une centurie
|
|
Cohortes II à IX, 6 centuries chacune
|
État-major ? |
Cohorte I, 5 centuries doubles
|
Total pour les unités combattantes :
|
Cavalerie légionnaire
|
Le train
|
LES BESOINS DU CAMP
Nous pourrions évaluer les besoins journaliers théoriques d’un camp légionnaire, comme ceux de la VIIIe légion Auguste, à Mirebeau-sur Bèze ou à Strasbourg, à 6,8 à 7,8 tonnes de vivres dont à 4,5 à 5,3 tonnes de blé pour les seuls légionnaires et centurions.
L’ensemble des provisions arrive aux cantonnements grâce à un réseau routier d’une grande modernité mais aussi par cours d’eau. Le camp de la VIIIe légion Auguste, à Mirebeau, possédait des installations portuaires ou, tout au moins, un débarcadère sur un méandre de la Bèze20 et celui de Strasbourg (pour la même unité) d’un port fluvial sur l’Ill21.
Les soldats disposaient ainsi de la plupart des produits connus dans l’empire, leurs stipendia leur donnent les moyens de les acheter. Des papyri d’Égypte soulignent un même prélèvement de 80 sesterces ou 20 deniers, sur chaque stipendium22, destiné à payer la nourriture de militaires23. Sur cette seule base, nous pourrions évaluer les dépenses minimales d’un camp autour de 1 228 800 sesterces par an, pour les vivres. La légion fonctionne comme une gigantesque centrale d’achats24 et sa présence stimule la production agricole (blé, foin), l’élevage (chevaux de monte, mulets), induit de nombreux circuits commerciaux avec des produits qui viennent de la région méditerranéenne comme les huiles et saumures de Bétique25, les vins…Le camp devient un pôle d’attraction et d’activité économique : il représente une aubaine, un énorme marché pour les artisans du cuir (chaussures, ceinturons…), les lainiers et drapiers de tout poil (tuniques, manteaux…), les forgerons, les tenanciers… d’où une concentration de negociatores, de marchands, et le développement des canabae, l’agglomération qui se construit progressivement autour du camp.
LA LEGION EN MARCHE
Projeter une légion sur un théâtre d’opération équivaut à lancer sur les routes une fantastique machine de guerre forte de 5120 légionnaires, 59 centurions, de plus de 1300 calones, 120 cavaliers, d’une soixantaine de pièces d’artillerie et de son état-major (Fig. 1).
Dans la logistique d’une légion et, à plus forte raison, dans celle d’une armée romaine en marche, il faut pouvoir disposer de quatre ressources principales, vivres, eau26, bois et fourrage et en maitriser le flux. Le bois, l’eau et le fourrage peuvent faire l’objet de puisages et de ramassages quotidiens, des opérations fastidieuses, longues, qui peuvent mobiliser un grand nombre d’hommes et ne sont pas sans danger.
Le problème principal reste celui de l’acheminement du blé (le frumentum) et des vivres nécessaires (commeatus) vers l’avant, mais l’essentiel reste le blé ! « Le pain (et le vin27), c’est là ce qui fait la force et la vigueur du soldat »28. Maintenir l’alimentation régulière des greniers militaires et constituer des réserves de grain avant une campagne s’avère donc nécessaire29.
Le ravitaillement de la colonne en cours de route par un soutien logistique peut s’avérer aléatoire en fonction des mouvements et opérations d’un éventuel ennemi qui pourrait détruire les postes de ravitaillement prévus, intercepter les convois venus des arrières, pratiquer la politique de la « terre brulée ». De plus, toute avancée peut pâtir « des limites liées à la disponibilité des ressources, à la richesse des régions traversées, aux variations saisonnières et climatiques »30. Même si les approvisionnements peuvent se faire, parfois, par voie fluviale et/ou maritime, la voie terrestre conserve la plus grande flexibilité.
Emporter autant de vivres qu’il est possible en les répartissant sur les épaules des soldats ou sur le dos des mules semble la plus sage des précautions.
Les sarcinae
Lors d’une campagne contre les Cimbres et les Teutons (102 av. J-C.), en Provence, afin d’accélérer la marche de ses légions, un général et consul romain, Caius Marius, aurait ordonné à ses hommes de porter leurs provisions de bouche, leurs ustensiles de cuisine et leur bagages personnels au bout d’une fourche de bois31. Ainsi, chargés comme des bêtes de somme, ils reçurent le nom de mulets de Marius, d’où le proverbe « Unde est proverbium tractum est muli mariani », « être chargé comme un mulet de Marius »32 (Fig. 2).
Les légionnaires peuvent emporter dans leur sarcinae33 de trois34 à quinze jours de vivres35, leur garantie de survie en quelque sorte, soit un poids additionnel pouvant aller de 3, 8 à 22, 3 kg par homme. Le poids total de leur équipement atteindrait ainsi de 40 à 50 kg36.
Chaque contubernium dispose d’une tente (en cuir37 ?), d’une meule38, de pieux biconiques en bois (les valli ou sudes39), d’outils, d’une marmite commune, soit circa 145 kg40 de matériel porté à dos de mule (Fig. 3). Une mule supporte, selon sa taille, de 60 à 110 kg de charge utile, y compris le bât41, aussi nous préférons assigner deux mules à chaque contubernium42 (Fig. 1) ce qui permettrait de transporter une réserve supplémentaire de 55 kg
de grains dans des sacci frumentarii, les sacs de grain43, soit, à raison de 850 g par jour et par homme, plus de 8 jours de rations.
Donc, en répartissant le grain sur les épaules des soldats et sur le dos des mules des contubernia, une légion pourrait avoir, au maximum, de 11 à 23 jours de réserves en blé, soit une autonomie théorique maximale de circa 575 km44 (avec d’autres problèmes, l’eau, le bois et le fourrage).
Les rations
Les hommes préparent eux-mêmes leur nourriture, ce qui est une caractéristique de l’armée romaine. Chaque contubernium dispose d’une meule et réduit le blé en farine. Les opérations de mouture permettent de séparer le son de la farine de blé, ce qui conditionne en grande partie la qualité nutritive du panis militaris, le pain militaire45. Cette opération terminée, il ne reste que 60 à 65 % du poids original de la ration journalière de blé46. Après ajout de levure47, de sel48 et d’eau, le poids du pain augmente d’un bon tiers49. Il faut alors pétrir la pâte et cuire le pain au four. Cette dernière opération peut compliquer la marche d’une armée en campagne (ravitaillement en bois, temps de cuisson, repérage des feux par un éventuel ennemi). Au terme de ces manipulations, un soldat disposerait de 680 à 736 g de pain50
Fig. 2 : Les sarcinae : reconstitution des bagages personnels du légionnaire romain par la VIIIe légion Auguste, lors de ses marches expérimentales dans le Morvan. 1 : situle (pot à cuire) ; 2 : pera (sacoche pour objets personnels ; 3 : mantica (bisac pour vêtements) ; 4 : filet pour les vivres ; 5 : gourde (1, 4 l.) ; 6 : patera (patère) ; 7 : bidon (vin ?) ; 8 ; furca (fourche de bois) ; 9 : scutum dans sa housse de cuir ; 10 : casque en bronze ; 11 : pilum. L’objectif était de tester le port du bouclier et d’un paquetage de 40 à 45 kg, lors de marches de 100 à 135 km effectuées en 6 jours51. La réponse physique des volontaires aux étapes de 20 à 25 km et au port du paquetage fut analysée par une équipe médicale (sueur, rythme cardiaque…) © VIIIe légion Auguste. Photographie René Cubaynes, août 2021.
Le pain peut être remplacé par des rations de combat préparées à l’avance52 et censées couvrir les besoins journaliers d’un combattant avec un apport de 3200 calories53. Le biscuit, buccelatum54, présente de sérieux avantages. Il peut tenir plus longtemps, environ 1 mois55, et s’avère plus léger. 1 kg de blé donne 850 g de farine et à peine 650 g de biscuit avec une perte d’eau et d’air, mais une qualité nutritive pratiquement identique.
Les impedimenta
Pas de légion (ou d’armée) en campagne sans ses impedimenta, un long convoi chargé de matériel divers (instruments pour le génie, forges, outils), de pièces d’artillerie, de munitions, de vivres. Estimer la taille et la composante du train reste fort compliqué. Il mobilise un très grand nombre d’animaux, les iumenta56, bœufs, ânes, mules, chevaux, bâtés ou attelés à des chariots. « Le nombre de bêtes de somme dépassait sûrement 3000 à 4000….et les accompagnateurs de toutes sortes pouvaient équivaloir en nombre aux effectifs de la légion » (voir note 16).
De rares stèles funéraires57 (Fig. 4, 5), la Colonne Aurélienne et la Colonne Trajane présentent ces véhicules à deux roues, tirés par des bœufs ou des mules, les uns avec un chargement de nombreux boucliers, d’autres portant des ballots, des pièces d’artillerie, des tonneaux de vin58…Des textes relatent l’emploi courant de tels équipages par l’armée romaine en campagne, notamment en Germanie et pendant les événements de l’année 69-7059 . Ils insistent, en particulier, sur les inconvénients des chariots qui ralentissaient considérablement et gênaient les troupes dans leurs mouvements. Il est très probable que le transport des vivres reposait essentiellement sur les animaux de bât, en particulier sur les mules60. Ce train reste une cible molle et toute armée qui perd ses bagages ne peut continuer la guerre61.
Chaque chariot, trainé par une paire de bœufs ou de mules, aurait porté jusqu’à 500 kg62. La lenteur relative des attelages de bœufs risquait de pénaliser une légion en marche. Une paire de bœufs, attelée à un chariot portant 450 kg de charge, pouvait avancer à une vitesse de 3,2 km pendant 5 heures et parcourir 16 km avant d’être épuisée63. Les mules sont capables de porter des charges utiles de 110 kg et de marcher jusqu‘à 10 ou 12 heures par jour64. Le train était probablement constitué d’une grande majorité de mules bâtées et de chariots sans que nous puissions déterminer les proportions de ces deux composantes.
Fig. 3 : Mule (500 kg) et calones lors d’une marche expérimentale de la VIIIe légion Auguste dans le Morvan. Deux mules bâtées, dont les caractéristiques étaient identiques à celles retrouvées par les archéologues à Kalkriese65 (Land de Basse-Saxe, Allemagne), accompagnèrent cette édition de la marche afin d’analyser leur vitesse de déplacement et leur gestion par un muletier66 © VIIIe légion Auguste. Photographie Yann Kervan, 2015.
Perdre un chariot équivaut à se priver d’un attelage complet et de 450 kg de provisions et/ou de matériel, la disparition d’une mule batée limite cette perte à 90 kg. De même, nous ne disposons d’aucune source explicite nous indiquant quelles étaient les provisions et la quantité de vivres charriées dans les impedimenta. Un convoi de ravitaillement, venu des arrières, et fort de 110 chariots, tirés chacun par deux mules (donc 220 animaux) ou de 550 mules pouvait, théoriquement, acheminer du grain pour près de 10 jours, soir circa 49,5 tonnes de blé.
Fig. 4 : Stèle dite du train des équipages : Cette stèle funéraire d’un « soldat inconnu » de la VIIIe légion Auguste montre un chariot à quatre roues, chargé de ballots ou de vivres et tiré par deux mules placées de front. © Musées de la ville de Strasbourg. Le conducteur porte son glaive car, hier comme aujourd’hui, le train reste une cible molle.
Fig. 5 : Stèle funéraire de L. Aemilius Crescens, soldat de la XIIIIe légion Gemina martia victrix. © Karlsruhe – Badisches Landesmuseum, photographie Ortolf Harl, novembre 2015, n° 3896-8. Ce chariot à quatre roues est tracté par deux mules placées de front et nous notons la similitude iconographique avec la stèle d’un « soldat inconnu » de la VIIIe légion Auguste (Fig. 4).
Une des principales difficultés reste le ravitaillement en fourrage67. Chaque mule demande, en moyenne, 2 kg d’orge, 6 kg de fourrage sec ou 11-12 kg de fourrage vert. Chaque cheval a besoin, en moyenne, de 2, 5 kg d’orge, de 7 kg de fourrage sec, ou de 11 à 12 kg de fourrage vert et de pâturage. Sur ces bases, il faudrait fournir, chaque jour, aux animaux de bât et aux chevaux (sans compter ceux des convois de ravitaillement), plus de 3,6 tonnes d’orge, de 10,7 tonnes de fourrage sec ou de 19 ,8 tonnes de fourrage frais. Avoir la disposition de larges pâturages, à proximité immédiate du camp de marche, semble aléatoire lors d’une expédition (garde des animaux, affolements et mouvements de panique…).
Les animaux sont aussi les plus grands consommateurs d’eau, 20 à 25 litres d’eau par jour pour une mule, et de 30 litres pour un cheval68 soit plus de 44 m3 d’eau ! La mise à disposition d’une quantité suffisante d’eau, à intervalles réguliers, doit être assurée. Il faut donc suivre, dans la mesure du possible, les cours d’eau, ou établir le camp de marche à proximité d’un fleuve, d’une rivière, d’un lac, d’une source abondante (le rôle des éclaireurs s’avère ici, encore une fois, primordial).
Nous ne savons rien du ravitaillement en eau des animaux, ni des pertes subies par le train légionnaire lorsque les bêtes étaient agressées par les aléas climatiques, épuisées par une sous-alimentation, privées d’un approvisionnement régulier en eau et/ou de la quantité d’eau nécessaire.
CONCLUSIONS
La logistique d’une légion romaine en campagne apparaît aussi importante que sa tactique. Elle reste, le plus souvent, le principal défi posé à son état-major, tant dans la préparation de l’expédition que dans son déroulement. Cette logistique repose, en grande partie, sur la combinaison muli mariani et muli qui permit à Rome de projeter ses légions sur de grandes distances. Les hommes peuvent porter jusqu’à 15 jours de frumentum commeatusque et l’armée romaine semble être la première à faire porter par ses légionnaires leurs panoplies, leurs bagages personnels et une provision de vivres. Tout le reste constitue le train dont la longueur et la vitesse de déplacement posent d’énormes problèmes de protection.
L’animal iconique du train légionnaire reste la mule, celles des contubernia comme celles qui tirent les chariots et portent tout ce qui pourrait être nécessaire à la légion. L’armée romaine sut à merveille tirer parti des particularités de l’animal, sa sobriété, sa sureté de pied, sa capacité à transporter les impedimenta en tout terrain69.
Malgré de nombreux travaux, une bonne part de la logistique de l’armée romaine nous échappe toujours, faute de textes. Nous ne connaissons aucune théorisation de cette logistique dans des écrits militaires romains70. En comptant les hommes, les mules des contubernia, les chevaux, les animaux du train et leurs servants, les besoins en blé, en vivres, en fourrages et en eau s’additionnent et les estimations deviennent trop aléatoires. Nous en sommes réduits à des recherches, des interprétations, des hypothèses, qui n’en donnent qu’une image, probablement bien loin d’une réalité complexe et mouvante, tant la machine de guerre romaine était capable de marier préparation et improvisation.
BIBLIOGRAPHIE
ALSTON R., 2002, Soldier and Society in Roman Egypt, A Social History, London and New-York.
ANDRÉ J., 1961, L’alimentation et la cuisine à Rome, Paris.
BACHRACH B. S., 1993, Animals & Warfare in Early Medieval Europe, p. 708-751, in Armies and politics in the early medieval West, Londres.
BIRLEY E., 1988, Promotions and tranfers in the Roman Army : The Equestrian Officers in the Roman Army, The Roman Army Papers, p. 147-164.
BRETHES J.-P., 1996, César premier soldat de l’empire, Bordeaux ; 2021, 2e édition, Autun, p. 25.
BRUN J.-F., 2010, « Intervention armée en Chine : l’expédition internationale de 1900-1901 » Revue historique des armées, 258, p. 14-45.
CUBAYNES R., 2018, Les hommes de la VIIIe légion Auguste, Autun.
CUBAYNES R., Le BOHEC Y., 2019, Les officiers de la VIIIe légion Auguste, Autun.
ENGELS D. W., 1978, Alexander the Great and the Logistics of the Macedonian Army, Berkeley.
ERDKAMP P., 1998, Hunger and the Sword : Warfare and Food Supply in Roman Republican Wars (264-30 B.C.), Amsterdam.
FRIED J., 2016, Charlemagne, Cambridge.
FUENTES N., 1991, The mule of a soldier, Journal of Roman Military Equipment Studies, 2, p. 65-99.
GABRIEL R. A., 2001, Great Captains of Antiquity, Westport.
GENTRY A. P., 1976, Roman Military Stone–built Granaries in Britain, Oxford.
GOGUEY R. 2008, Légionnaires romains chez les Lingons : La VIIIe légion Avgvsta à Mirebeau (Côte-d’Or), Revue Archéologique de l’Est, 57, p. 227-251.
GOLDSWORTHY A., 1996, The Roman Army at War, 100B.C.-A.D. 200, Oxford.
GOUDINEAU C., 1990, César et la Gaule, Paris
HACQUARD G, DAUTRY J., MAISANI O., 1952, Guide romain antique, Paris.
HARMAND J., 1967, L’armée et le soldat à Rome de 107 à 50 avant notre ère, Paris.
HELLY B., 2007, La capitale de la Thessalie face aux dangers de la troisième guerre de Macédoine : l’année 171 av. J.-C. à Larisa, Topoï Orient-Occident, 15, 1, p. 127-249.
JODRY F., 2007, Á propos d’une meule militaire, Instrumentum, 26.
JUNKELMANN M., 1986, Die Legionen des Augustus. Der römische Soldat im archäologischen Experiment, Mayence.
JUNKELMANN M., 1997, Panis militaris, die Ernährung des römischen Soldaten oder der Grundstoff der Macht, Mainz am Rhein.
KISSEL T., 1995, Untersuchungen zur Logistik des römischen Heeres in den Provinzen des griechischen Ostens (27 v. Chr.-235 n. Chr.), St-Katharinen.
LABISCH A., 1975, Frumentum commeatusque : die ahrungsmittelversorgung der Heere Caesars, Meisenheim (am Glan).
LE ROUX P., 1994, Le ravitaillement des armées romaines sous l’Empire, in R. Etienne (éd.), Du latifundium au latifundo, Paris, p. 394-416.
LE ROUX P., 2011, La Toge et les armes (Le ravitaillement des armées romaines sous l’Empire, p. 191-204), Rennes.
LETEINTURIER P., 2016-2017, La logistique des armées de César, Mémoire de Master 1, Histoire antique, Paris IV Sorbonne.
MILHAUD C. et COLL J.-L., 2004, Utilisation du mulet dans l’armée française, Bulletin de la Société Française d’Histoire de la Médecine et des Sciences Vétérinaires, 3, p. 60-69.
PEDDIE J., 1994, The Roman War Machine, Londres.
PORTE F., 2016, Le ravitaillement des armées romaines pendant les guerres civiles (49-30 avant J.-C.). Archéologie et Préhistoire. Université Paris-Est.
PORTE F., 2017, Frumentum commeatusque : l’alimentation des légions romaines en campagne au Ier siècle avant J.-C., Revue des études anciennes, 119, 2, p. 551- 583, Bordeaux.
REDDÉ M., 2020, Dans les fourgons de l’armée romaine, p. 377- 384, Studia honoraria archaeologica Zbornik radova u prigodi 65. rođendana prof. dr. sc. Mirjane Sanader, Zagreb.
ROST A., WILBERS -ROST S., 2010, Weapons at the battlefiled of Kalkriese, Gladius XXX, p. 117- 135.
ROTH J., 1999, The Logistics of the Roman Army at War (264 B.C.-A.D. 235), Leyde-Boston-Cologne.
SCHNITZLER B., 1996, Cinq siècles de civilisation romaine en Alsace, Strasbourg
STEPHAN A. S., 2015, La colonne Trajane, Édition illustrée avec les photographies exécutées en 1862 pour Napoléon III, Paris.
WHITE K. D., 1984, Greek and Roman Technology (Aspects of Greek and Roman Life), London.
NOTES
1 FLAVIUS VÉGÈCE, L’Art militaire, III, 3.
2 CÉSAR, Bello Gallico, I, 39, 48 ; III, 6, 23 ; IV, 30 ; VII, 38 ; Bello Civili, I, 36 ; TITE-LIVE, XXIII, 27 ; XXIV, 36, 39. Mot à mot, le blé et les vivres.
3 POLYBE, VI, 39, 7. Un homme de l’infanterie (romaine) recevait, par mois, les 2/3 d’un médimne attique de blé, soit circa 35, 7 litres de grain. Un légionnaire recevait circa 64 setiers de grains par mois. Le problème reste la conversion en poids (voir la note suivante).
4 PLINE, Histoire Naturelle, XVIII, 12 : Tritici genera plura quae fecere gentes. Les auteurs se basent sur ce texte dans lequel Pline décrit le poids de différentes espèces de blés suivant les pays qui les produisent. HACQUARD, DAUTRY et MAISANI, 1952, p. 66, indique 850 g par jour ; ANDRÉ, 1961, p. 74, donne 865 g par jour ; LABISCH, 1975, 32, circa 1 kg ; GENTRY, 1976, p. 25, circa 1 kg ; ENGELS, 1978, p. 123-124, circa 1, 4 kg ; FOXHALL, FORBES, 1982, p. 73, 43, 895 g ; LE ROUX, 1994, p. 408, circa 1 kg ; KISSEL, 1995, p. 35, 700 g ; GOLDSWORTHY, 1996, p. 291, circa 1, 4 kg ; JUNKELMANN, 1997, p. 91, 0, 9-1kg ; ERDKAMP, 1998, p. 29, 830 g ; ROTH, 1999, p. 24, 850 g ; PORTE, 2016, p. 144, de 815 à 887 g ; PORTE, 2017, p. 572-573, de 815 à 887 g.
5 GOLDSWORTHY, 1996, propose 450 g de commeatus, 5 cl d’huile et 1 litre de vin.
6 STOLLES, 1914, p. 2 ; FOXALL et FORBES, 1982, p. 57.
7 LE ROUX, 2011, p. 191-204.
8 Les calones sont les valets d’armée.
9 Les contubernia sont les chambrées de 8 hommes dans la légion romaine, voir Fig. 1.
10 PSEUDO-HYGINS, Des fortifications du camp, 1.
11 De 10 pieds, soit 2, 944 m de côté et une surface de 10 pieds carré soit 8, 6671 m2.
12 GOLDSWORTHY, 1996, p. 290, estime que circa 70 chariots et 160 animaux sont nécessaires au transport de l’artillerie et de ses munitions.
13Jeune officier d’une vingtaine d’année, appartenant à l’ordre sénatorial, et reconnaissable aux deux larges bandes rouges (laticlaves) qui ornent sa tunique. Voir CUBAYNES, LE BOHEC, 2019, p. 29.
14 Officiers issus de l’ordre équestre, âgés, pour la plupart, de 35 à 45 ans selon BIRLEY (1988, p. 147-164). Leur tunique porte deux bandes rouges étroites (angusticlaves). CUBAYNES, LE BOHEC, 2019, p. 32.
15 La majorité des auteurs assignent de 1000 à 1500 mules par légion ; ROTH, 1999, p. 82-83, 115.
16 PLUTARQUE, Vie d’Antoine, XXXVIII, 2. Antoine disposait de de 400 chariots ; TITE-LIVE, LXV. En 171 av. J.-C., pendant la Troisième guerre de Macédoine, le roi Persée aurait pris aux romains 1000 chariots attelés (donc au moins deux mille bêtes) et 600 hommes qui fourrageaient dans la plaine de Larissa (Thessalie) ; HELLY B., 2007, p. 197 sq. ; BRUN, 2007, Au 1er janvier 1901, le contingent français comptait 696 officiers et 17 310 sous-officiers ou soldats, disposant de 1 100 chevaux et de 2 326 animaux de trait. Toutefois, un mois plus tard, l’effectif avait légèrement diminué et ne représentait plus que 623 officiers, 16 652 sous-officiers et soldats, 500 chevaux et 2 000 mulets.
17 GOUDINEAU, 1990, p. 244-245, estime à 3000 ou 4000 le nombre total de bêtes pour une seule légion ; BRETHES, 1996, note 44, p. 16. Donc un ratio homme-bête qui varierait de 2, 29 à 2, 77.
18 PEDDIE, 1994, p. 57, compte 1130 mules pour les bagages.
19 ROTH, 1999, p. 83, propose le même ratio.
20 GOGUEY, 2008, fig. 16.
21 SCHNITZLER, 1996, p. 3-34. La voie fluviale Rhin-Ill-Bruche- Zorn- Lauter- Moder est largement utilisée.
22 Un des trois versements de la solde militaire.
23 Fink RM, 68 = P.Gen.Lat. I. ALSTON, 2002, p. 104. Selon cet auteur, Il s’agirait probablement d’auxiliaires et non de légionnaires.
24 Aujourd’hui même, combien de Maires ou de Députés s’opposent au départ du régiment installé dans leur municipalité, pour de simples raisons économiques ? IGLS, V, 19989, 1. 1-5 et 17-30 : Á la fin du Ier siècle ap. J.-C., les réquisitions ne peuvent se faire qu’avec un permis délivré par Domitien… afin de venir en aide aux provinces épuisées.
25 Province romaine qui correspond à l’actuelle Andalousie avec Corduba, Cordoue, comme capitale.
26 Il faut compter, au minimum, 2 litres par homme pour la boisson.
27 ROTH, 1999, p. 40, propose 1/2 setier de vin (0, 27 litre) par homme et par jour. Les soldats buvaient la posca (Histoire Auguste, Vie d’Hadrien, X, 2), un vin qui s’était transformé en vinaigre, du fait des mauvaises conditions de conservation, et la coupaient d’eau.
28 HOMÈRE, Iliade, XIX, 60-161 ; FRÉDÉRIC II, dans son poème Palladium, reprend la formule « le pain fait le soldat ».
29CÉSAR, Bello Gallico, I, 37,5, Itaque re frumentaria quam celerrime potuit comparata ; Idem, IV,7,1, Re frumentaria comparata.
30 PORTE, 2017, p. 578.
31 PLUTARQUE, Vie de Marius, XIII, 1 ; HARMAND, 1967, p. 161-163.
32 FRONTIN, Stratagemata, IV, 1.
33 Bagages personnels du soldat. Du verbe sarcire, rapiécer (la toile qui les protégeait).
34 FLAVIUS JOSÈPHE, La guerre des Juifs, III, 5, 95.
35 CICÉRON, Tusculanes, II, 37.
36 HACQUARD, DAUTRY et MAISANI, 1952, p. 69, indiquent 40 kg ; JUNKELMANN,1986, p. 199-200, suggère 43-46 kg ; FUENTES, 1991 p. 89, Table 3, p. 89, donne 40, 8 kg ; mon propre équipement (Légion VIII Auguste), pèse 49 kg
37 Ermine Streat Guard (Angleterre).
38 CIL, XIII, 11954 a, Saalburg ; AE, 2009, 953, Strasburg. La désignation du contubernium figure sur des meules tournantes, en basalte des carrières de l’Eifel (Rhénanie-Palatinat, 200km au nord de Strasbourg), comme à Saalburg avec …] con(tubernium) Brittonis, contubernium de Britto [… (JUNKELMANN, 2006, p. 117) ou à Strasbourg, c(ontubernium) Virei, contubernium de Vireus (JODRY, 2007, p. 26).
39 CICÉRON, Tusculanes, II, 37 ; TITE-LIVE, XXXIII, 6, 1 ; CÉSAR, Bello civili, III, 63, 1, 2, 3, 8. Et non les pila muralis !
40 D’après les groupes de reconstitution Légion VIII Auguste (France, Allemagne), Roemercohorte Opladen (Allemagne), Ermine Street Guard (Angleterre) : tente (en cuir) : 40 kg ; meule : 27 kg ; 16 pieux biconiques : 39, 2 kg ; outils : 18, 7 kg ; marmite : 0, 630 kg ; bât romain : 20 kg soit une charge de circa 145 kg
41 MILHAUD, COLL, 2004, p. 64, 66. Le bât réglementaire, adopté en en 1880 et utilisé jusqu’en 1975, pesait 40 kg, alors que le bât romain ne semble pas avoir dépassé 20 kg.
42 ROTH, 1999, p. 115, envisage, lui aussi, cette dotation. Les groupements de Tabors Marocains et la 4e division Marocaine, qui provoquèrent la rupture du front allemand en Italie (entre le 15 et le 31 mai) disposaient de 4000 mulets. Les compagnies muletières du Train, fortes de 207 hommes, alignaient, chacune 207 mulets. MILHAUD, COLL, 2003, p. 64. A terme, le Corps Expéditionnaire Français en Italie s’appuyait sur 10 000 mulets !
43 FRONTIN, Strategemata, III, 2, 8.
44 Le Iustum iter, une étape de 25 km, est déjà mentionné dans HACQUARD, DAUTRY et MAISANI, 1952, p. 69.
45 PLINE, Histoire Naturelle, XVIII, 12, 67 : lex certa naturae, ut in quocumque genere pani militari tertia portio ad grani pondus accedat ; JUNKELMANN, 1997, p. 128-133.
46 ROTH, 1999, p. 47.
47 PLINE, Histoire Naturelle, XVIII, 26, 102, 104.
48 PLINE, Histoire Naturelle, XVIII, 12, 67.
49 PLINE, Histoire Naturelle, XVIII, 27, 105.
50 BRETHES, 1996, p. 24. A Verdun, pour les travaux pénibles de nuit, la classe 16 touche 850 g de blé par jour, et le reste de la troupe reçoit 700g.
51 Marches effectuées sous la caution de Gérard Coulon (2010, 2011, 2012) puis de Yann Le Bohec (2015 et 2017). https://leg8.fr/histoire-vivante/legionnaire-marche/
52 « Iron ration » ou « prepared rations » des auteurs anglo-saxons. Voir ROTH, 1999, p. 45, 50, 51-53, 67, 297, 324 ; cocta cibaria ou cibum : CORNELIUS NEPOS, Vie des grands capitaines, Eumenes, XVIII, 7 : praeterea cibaria cocta dierum decem ; TITE LIVE, 21, 49, 7 ; ROTH, 1999, p. 51-53.
53 Comme les rations de combat individuelles réchauffables ou RICR de l’armée française.
54 Ce terme ne semble apparaitre que dans des textes du Bas-Empire. ROTH, 1999, p. 51 ; PORTES, 2017, p. 577.
55 STOLLE, 1914, 12.
56 CÉSAR, Bello Civili, LX, 3 ; LXXXI, 7 ; CÉSAR, Bello Gallico ; VIII, 41 ; CICÉRON, Tusculanes, I, 47, 113 ; PSEUDO-HYGINS, 1.
57 CIL, XIII, 11630, Fig. 4. CUBAYNES, 2018, p. 301-303, photographies. ; CIL, XIII, 6304, Fig. 5, stèle funéraire du soldat L. Aemilius Crescens, Badisches Landmuseum Karlsruhe ; REDDÉ, 2020, p. 378.
58 STEFAN, 2015, scènes 104, 105, 123-124, 149,164, 285 ; REDDÉ, 2020, p. 379-380.
59 SUÉTONE, Tibère, XVIII ; TACITE, Histoire, I, 70 ; Idem, II, 41, 60 ; Idem, III, 25 ; Idem, IV, 35 ; DION CASSIUS, XLI, 20, 2 ; Idem, LXI, 21 ; Idem, LXVIII, 26, 1 ; HÉRODIEN, VII, 8. Il s’agit des affrontements successifs des prétendants à l’empire (Galba, Othon, Vitellius et Vespasien), l’année dite des quatre empereurs.
60 PORTE, 2016, p. 206-209.
61 GOUDINEAU, 2000, p. 253.
62 BACHRACH, 1993, p. 717.
63 ROTH, 1999, p. 211, signale des trajets journaliers de 19 à 24 km pour des attelages de bœufs dans l’Est Américain ou de 32 km en 10 heures dans la guerre contre les Zoulous, soit une vitesse moyenne de 3, 2 km par heure ; GABRIEL, 2001, p. 7, 97 : Philippe de Macédoine aurait réservé de tels attelages aux engins de siège et au service des ambulances ; FRIED J., 2016, p. 117, indique des étapes journalières de 15 km.
64 WHITE, 1984, p. 132 ; ROTH, 1999, p. 206-207 ; LETEINTURIER, p. 44.
65 ROST, WILBERS -ROST ,2010, p. 121-123
66 https://leg8.fr/armee-romaine/mulet-du-ier-siecle-qui-es-tu/
67 HISTOIRE AUGUSTE, Vie des Trente Tyrans, Baliste, 18, 6-9 ; Roth, 1999, p. 66-67
68 ROTH, 1999, p. 66-67 ; PORTE, 2016, p. 186, 188, 189.
69 Les mules furent utilisées dans l’armée française de 1830 (campagne d’Algérie) à 1975 (541e Groupe Vétérinaire de Tarbes). Après des décennies d’absence, le mulet fait sa réapparition dans les rangs du 7e bataillon de Chasseurs Alpins.
70 PORTES, 2016, p. 12-15.