Marcus Oppius Capitonus Quintus Tamudius Aninius Severus

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Marcus Oppius Capitonus Quintus Tamudius Aninius Severus

Tribun angusticlave de la VIII Augusta sous le principat d’Antonin le Pieux

Les sources

Deux épigraphes d’Auximum ((Auximum, l’actuelle Osimo, est un municipe du Picenum, situé à 15 kilomètres au sud d’Ancône.)) nous révèlent les quelques étapes, essentiellement municipales, du cursus équestre parcouru par ce chevalier:

M(arco) Oppio Capitoni / Q(uinto) Tamudio Q(uinti) fil(io) / T(iti) n(epoti) T(iti) pr(o)n(epoti) Vel(ina) Milasio / Aninio Severo / equo publ(ico) iudici select(o) / ex V decur(iis) praef(ecto) fabr(um) pont(ifici) / q(uin)q(uennali) II q(uaestori) IIII p(atrono) c(oloniae) et p(atrono) c(oloniae) Aesis / et muni(cipii) Numanat(ium) idem / quinq(uennali) / coloni ob merita eius / in cuius dedic(atione) cenam col(onis) ded(it) / l(ocus) d(atus) d(ecreto) d(ecurionum)((CIL 09, 05831 = D 06572 = AE 2003, +00019. Picenum, Osimo/Auximum.))

Originaire de la gens Tamudia ((Des inscriptions d’Auximum attestent l’existence de la famille Tamudia :
CIL 09, 05851. Picenum , Osimo/Auximum. D(is) M(anibus) / T(ito) Tamudio / T(iti) l(iberto) Eglecto / col(ono) Auximi / vixit annis VII / diebus XXXXVII / Eglectus pater / filio piissimo . CIL 09, 05852 = Euergetismo-Aux, 00010. Picenum, Osimo/Auximum.C(aius) T(itus) Ta[m]udii / Gemellus e[t] Albanus / aquam p(ecunia) s(ua))), Quintus Tamudius Aninius Severus est adopté par Marcus Oppius Capitonus.

Tamudius juxtapose logiquement les noms de son géniteur (Quinti filio) et de son père adoptif mais l’éclat de la gens Oppia, famille sénatoriale ((H.G. PFLAUM, Une famille de la noblesse provinciale romaine : les Oppii, Cahiers Alsaciens d’Archéologie, d’Art et d’Histoire, 1970, XIV, pp.85-90. Le premier représentant connu de cette gens apparaît dans la grande inscription de bronze par laquelle Cnaeus Pompeius Strabo (le père du grand Pompée) accorde la citoyenneté romaine à une turme de cavaliers espagnols (CIL VI, 37045).Cnaeus Oppius Cnaei filius Velina figure en 24e position dans la liste des membres du conseil de guerre présents dans le camp situé prés d’Ausculum (apud Ausculum), le 17 novembre 89 avant J.-C. (ante diem XIV Kalendas Decembres). Georgy KANTOR, The Upper Classes of Roman Italy in The Light of Epigraphy: The Case of Picenum. Ce Master en Histoire romaine, option B (IV), The Epigraphy in Roman World, Balliol College, recense et étudie une nouvelle fois les épigraphes d’Auximum. Il fournit en plus une bibliographie intéressante.)), le pousse à la mentionner en premier.

  • Equo publico : Quintus Tamudius appartient à l’ordre équestre.
  • Iudico selecto ex V decuriis : Juge des cinq décuries à Rome
  • Praefecto fabrum : préfet des ouvriers sans que nous puissions déterminer s’il s’agit là d’une préfecture militaire représentant la première marche d’un cursus militaire équestre ou d’une préfecture civile ((S. DEMOUGIN, L’ordre équestre sous les Julio-Claudiens, Coll. Ecole Française de Rome, Rome, 1988, n° 108, pp382-385. Selon qui il existerait des « préfets des ouvriers » aussi bien dans une carrière municipale que dans un cursus militaire.
    Il nous paraît assez difficile de définir exactement la nature de cette fonction. Dans la société civile, le praefectus fabrum, chefs des ouvriers civils (charpentiers, forgerons…) serait attaché au service d’un gouverneur de province. Dans ce cas, selon Victor Duruy (Histoire des Romains), « ce poste ne correspondrait ni à un grade ni à une fonction militaire. C’était un particulier avec lequel le gouverneur ou le légat traitait pour réunir les hommes nécessaires à des travaux que les soldats n’accomplissaient pas. Il était, à certains égards, l’homme d’affaires du magistrat romain, et il avait momentanément un service public, comme nos munitionnaires et entrepreneurs auxquels les ministres de la guerre adjugent des fournitures à faire aux troupes ou la construction d’un fort ; mais il n’avait pas plus qu’eux une fonction publique. Cependant on s’honorait de ce poste de confiance et l’on s’en vantait dans ses inscriptions, comme nos industriels mettent sur leurs cartes: fournisseur d’un prince ou d’une grande administration ».))((R. SABLAYROLLES, Les praefecti fabrum de Narbonnaise, RAN 17,1984, pp 239-247. Cet auteur fait de tous ces préfets des auxiliaires militaires.))((B. DOBSON, The praefectus fabrum in the Early Principate, in D.J. BREEZE et B. DOBSON, Roman officers and Frontiers, Stuttgart, 1993, pp.218-241. Pour J. Dobson, le poste de « Praefectus fabrum » devient, dès le principat de Néron, la première marche d’un cursus militaire équestre. Dans l’armée cet officier dirigerait et commanderait les armuriers, les charpentiers, les mécaniciens, qui construisaient les machines de guerre (Nep. Att. 12 ; Caes. B.C. I, 24 ;Veg. Mil. II,II).))
  • Pontifici : pontife
  • Quinquennali II : deux fois duumvir quinquennal d’Auximum. Si son avancement de carrière respecte l’age légal, Quintus Tamudius porte ses 33 ans à la fin du premier quinquennat et atteint ses 38 ans à la fin du second . Pendant dix ans, il rend la justice à Auximum, surveille les autres magistrats pour le compte de l’Ordre des Décurions et établit l’album municipal.
  • Quaestori IIII : L’Ordre des Décurions devait grandement apprécier sa gestion des finances municipales pour le nommer quatre fois questeur.
  • Patrono coloniae : patron de la colonie d’Auximum.
  • Et patrono coloniae… : patron de la colonie d’Aesis ((Aesis, aujourd’hui Iesi ou Esino, baignée par le fleuve homonyme, en Ombrie, qui servait de limite entre les Ve et VIe régions d’Auguste.)), du municipe de Numana ((Le municipe de Numana se situe sur la cote de l’Adriatique, 21 kilomètres au sud d’Ancône.)) dont il est aussi préteur quinquennal.
M(arco) Oppio Capitoni / Q(uinto) Tamudio Q(uinti) f(ilio) T(iti) n(epoti) / T(iti) pr(o)n(epoti) Vel(ina) Aninio Severo / equo publ(ico) iudici select(o) / ex V decur(iis) trib(uno) leg(ionis) VIII / Aug(ustae) praef(ecto) fabr(um) patrono / col(oniae) Auxim(i) et col(oniae) Aesis / et munic(ipii) Numanat(ium) / ordo et plebs Treiens(ium) / patrono municipi(i) / curatori dato ab / Imp(eratore) Antonino Aug(usto) / l(ocus) d(atus) d(ecreto) d(ecurionum)((CIL 09, 05832 = D 06573. Picenum, Osimo/Auximum.))

L’ordre des décurions et la plèbe de Treia (( Treia, ville du Picenum.)) le choisissent comme patron alors qu’il assume déjà cette charge pour les colonies d’Auximum (sa patrie) et d’Aesis ainsi que pour le municipe de Numana.
Lié à des sénateurs protégés par l’Empereur…Quintus Tamudius devient donc un homme qui compte dans le Picenum.
Les Treienses ne mentionnent pas les fonctions municipales assumées par le chevalier dans la cité d’Auximum. Ils placent le tribunat militaire dans la VIIIe Augusta, non inscrit sur la première dédicace, entre la fonction de juge des V décuries et la préfecture des ouvriers.
Ce tribunat apparaît comme sa seule militia et peut-être Quintus Tamudius appartient-il à cette génération de tribuns militaires qui avaient entre 35 et 45 ans ((D.B. SADDINGTON, The Relationship between Holding Office in a Municipium or Colonia and the Militia Equestris in The early Principate, Athenaeum 84, 1996, pp.157-181.)).

Eléments biographiques

Il ne souhaitait donc probablement pas poursuivre sa carrière par des commandements auxiliaires et parvenir à des procuratelles ((Pour obtenir des procuratelles puis une grande préfecture, il aurait du accomplir trois milices équestres ( donc trois fois trois ans) : préfet de cohorte auxiliaire, tribun de légion, préfet d’aile, un ordre strict à partir des Flaviens.)) puis à une grande préfecture.

Le chevalier romain Marcus Oppius Capitonus Quintus Tamudius Aninius Severus semble s’être contenté d’une carrière essentiellement municipale et d’une position sociale enviable dans son Picenum.

Auteur : Legion VIII Augusta

Histoire vivante et reconstitution historique du Ier siècle après J.C.

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