La table de Peutinger

Par • Publié dans : Empire romain

La Table de Peutinger, (Tabula Peutingeriana ou Peutingeriana Tabula Itineraria), connue aussi sous le nom de « Carte des étapes de Castorius » ou de « Table Théodosienne », est une copie réalisée vers 1265 par des moines de Colmar, d’une carte romaine réalisée vers 350, elle-même probablement la copie remise à jour d’une grande carte du monde peinte sur le portique d’Agrippa à Rome vers 12 de notre ère, où figurent les routes et les villes principales de l’Empire romain.
Pas moins de 555 villes et 3500 autres particularités géographiques sont indiquées, comme les phares et les sanctuaires importants, souvent illustrées d’une vignette.

Présentation

C’est une longue bande de parchemin composée à l’origine de 12 parchemins mais il n’en reste aujourd’hui que 11 entreposés à Vienne (Autriche). Assemblés ils forment une bande de 6,82 m sur 0,34 m. Elle montre l’emplacement des routes (200 000 km), des villes, des mers, des fleuves, des forêts, des chaînes de montagnes.
La Table de Peutinger montre la totalité de l’Empire romain, ainsi que le Moyen-Orient, l’Inde (indiquant le Gange), le Sri Lanka (Insula Trapobane), et même la Chine.

La première feuille représente l’est des îles Britanniques, la Hollande, la Belgique, une partie de la France et l’ouest du Maroc.

L’absence de la péninsule ibérique laisse supposer que la feuille aujourd’hui manquante représentait l’Espagne et le Portugal ainsi que la partie occidentale des îles Britanniques.

Le fac-similé ci-dessous présente une tentative de restitution de cette page manquante (partie blanche, à gauche).

Fac-similé
Fac-similé

Une représentation schématique

La table ne tient compte ni de l’échelle, ni du réalisme du paysage, ni des distance, car c’est une représentation schématique qui est plus proche d’un plan de métro que d’une carte routière.
Elle permet de se rendre facilement d’un point à un autre, de connaître les distances des étapes, sans offrir une représentation fidèle de la réalité.

De fait, elle est considérée comme la première représentation cartographique d’un réseau.

Les itinéraires

Les parcours sont assez réalistes. Chaque station porte la longueur de l’étape tandis que des vignettes signalent les villes principales, les villes thermales, etc. Nombre de ces « stations » ne correspondent pas à des villes, mais à des carrefours.

Inévitablement, la Table comporte des erreurs de copistes. Certains noms de villes ou des distances d’étapes comportent des coquilles : Grenoble est nommée Culabone alors que le nom classique antique de cette ville est Cularone (Cularo) ; certains V deviennent II, ou inversement.

Afin de faciliter l’utilisation de la Table, il est conseillé d’avoir en regard un exemplaire d’une « carte de redressement », où les stations et itinéraires de la Table sont reportés sur une carte géographique moderne. Pour la Gaule : « Carte de redressement de la Gaule pour l’intelligence de la Table de Peutinger », par exemple.

L’origine de la carte

Lle manuscrit est généralement daté du XIIIe siècle et serait l’œuvre de moines copistes anonymes de Colmar qui auraient reproduit vers 1265 un document plus ancien.

L’original pourrait être postérieur à 328 : il montre la ville de Constantinople, fondée cette année-là, alors que d’autres éléments (par exemple dans la Pars IV – Levant de la Ligurie) sont peut-être antérieurs à -109, année de construction de la Via Æmilia Scauri, qui elle n’est pas indiquée sur la Table. Aucune route n’est indiquée non plus entre Pise et Luni, alors que figurent bien les Fossae Papirianae, marais situés près de l’actuelle Versilia, indiquées comme Fossis Papirianis (cf. Pars IV – Segmentum IV).

Il est possible que la Table, originellement, ait été composée en bloc à une certaine date, et ensuite plus jamais mise à jour. Par exemple nous pouvons observer l’emplacement de la ville de Pompéi, qui n’a pas été reconstruite après sa destruction par l’éruption du Vésuve, en 79. Et d’autre part, certaines villes de Germanie inférieure sont indiquées alors qu’elles ont été détruites et abandonnées depuis le Ve siècle.

La carte originelle est probablement basée sur la carte du monde préparée par Marcus Vipsanius Agrippa (né en 64 av. J.-C., mort en 12 av. J.-C.),ami personnel et gendre de l’empereur Auguste. Après sa mort, la carte a été gravée dans le marbre et placée sur le Porticus Vipsaniæ, non loin de l’autel de la Paix, le long de la Via Flaminia.

Toutefois, c’est une version actualisée au IVe siècle qui paraît représentée sur la table de Peutinger.

***

sources :
fr.wikipedia.org/, www.fh-augsburg.de/~harsch/, soltdm.com/sources/

Auteur : Legion VIII Augusta

Histoire vivante et reconstitution historique du Ier siècle après J.C.

A voir aussi