Utilisation de la rose dans l’Antiquité romaine

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Selon Pline l’Ancien, on considère trois parties dans l’utilisation de la rose :

• Les pétales, dont la partie blanche se nomme l’onglet,
• La fleur qui désigne le pistil, les étamines et les graines
• La tête qui est formée du calice et du bouton (le pétiole ou la fleur non ouverte ?)

L’auteur précise les qualités astringentes de la plante, c’est-à-dire qu’elle assèche le corps en réduisant les flux qui sont canalisés sur l’activité rénale (diurétique). Il dit aussi que c’est une plante réfrigérante, il faut comprendre par là qu’elle a des vertus anti-inflammatoires (irritations, fièvres, saignements).

Les pétales

On les utilise de deux manières : soit on les fait sécher soit on en extrait le suc. Le suc peut être extrait selon 3 procédés.

  1. On presse les pétales en gardant les onglets qui possèdent le plus de suc.
  2. On enlève les onglets, et le reste des pétales est mis à macérer avec de l’huile d’olive ou du vin dans des vases en verre qu’on expose au soleil.
  3. On enlève les onglets, et le reste des pétales est pressé à travers un linge pour en extraire le suc que l’on fait ensuite cuire à feu doux jusqu’à obtenir la consistance du miel. Cette opération se pratique avec les pétales les plus odorants.

Utilisation du suc

Huile de rose : l’huile décrite plus haut est parfois agrémentée de sel ou d’autres plantes (jonc, genêt, orcanette) afin d’en faire un remède contre la dysenterie et les règles abondantes. Cependant ce n’était certainement pas l’utilisation la plus fréquente. Elle pouvait servir dans la toilette, on s’enduisait d’huile, la graisse ramollissant la peau cela permet d’en sortir le sébum et les impuretés, après quoi on grattait la peau avec un strigile avant de se rincer. Elle pouvait servir également au cours des repas comme parfum d’ambiance.
Eau de rose : en plus d’une application culinaire qui se perpétue jusqu’à aujourd’hui elle était utilisée en cosmétique pour blanchir la peau et rehausser le teint.
Application médicale : appliquer le suc de rose est bon pour les oreilles, pour la matrice, pour les hémorroïdes, pour les maux de tête. En gargarisme, pour les aphtes, pour les gencives, pour les amygdales et la gorge. On le consomme, seul ou avec du vinaigre, contre la fièvre, contre l’insomnie, ou contre les nausées.
Application cosmétique : On s’en sert notamment pour cacher les mauvaises odeurs des onguents, ceux-ci étant fréquemment à base de graisses animales. Les parfums à base d’alcool étant alors inexistants (la sublimation est pratiquée depuis l’époque babylonienne, mais le processus de distillation n’est connu qu’à partir du Ier siècle après JC et ne sera utilisé qu’à la fin de l’Empire romain pour la confection des liqueurs, la maîtrise de cette technique n’est pas suffisamment affinée pour la réalisation des parfums).

Utilisation des pétales

Application médicale : La poudre des pétales sert dans les inflammations de l’entrecuisse. Elle est déconseillée en cas d’inflammation des yeux, si ce n’est au début de la crise, appliquée sèche avec du pain. En infusion ou décoction les pétales sont avantageux dans les affections de l’estomac, dans les maux de ventre et d’intestins, sur l’abdomen (en application externe).
Application cosmétique : les pétales brûlés font un fard à paupières. Les pétales dont on a exprimé le suc sont également réutilisés ; on en fait une poudre qui sert à réprimer la sueur qu’on jette sur le corps à la sortie du bain, on la laisse sécher, puis on l’enlève avec de l’eau froide.
Application culinaire : On les prépare en confit pour les manger.

Utilisation des onglets

Application médicale : Les onglets sont utiles contre l’épiphora qui est une inflammation de l’œil causant un écoulement des larmes sur les joues et non vers le canal lacrymal, se rencontre chez les personnes allergiques par exemple.

Utilisation des fleurs

Application médicale : La fleur est soporifique. Prise dans de l’hydromel, elle arrête les menstrues. Prise dans un verre de vin, et en quantité suffisante pour le parfumer, elle apaise les douleurs d’estomac. Le fruit est très bon quand il est jaune et n’a pas plus d’un an : on le fait sécher à l’ombre. On en frictionne les dents douloureuses. Le fruit est diurétique ; on l’applique sur l’estomac et sur les érysipèles récents (rougeur de la peau due à une bactérie) ; mis sous les narines, il purge le cerveau.
Application cosmétique : on se sert de la fleur pour composer un parfum de rose en compagnie de nombreux autres ingrédients (fleur de rose, fleur de crocus, cinabre, jonc odorant, miel, fleur de sel, huile d’olive ou vin). Notons que le cinabre est un minéral dérivé du mercure et que Pline l’Ancien en déconseille l’utilisation en raison de sa toxicité.
Application culinaire : On se sert des fleurs pour faire le vin de rose : on les pile dans un linge qu’on met ensuite dans du moût avec un petit poids, pour le faire aller au fond ; la dose est de 135g pour 10,8 litres de moût ; on laisse macérer trois mois.

Utilisation des têtes

Application médicale : Les têtes prises en boisson calment les diarrhées et les hémorragies. La tête du rosier sauvage, avec de la graisse d’ours, est merveilleuse contre les chutes de cheveux.
Guirlandes de fleurs : à noter que les guirlandes se faisaient avec des roses mais qu’en Grèce où la fête se nomme « stephanotikon » on faisait des guirlandes avec n’importe quelles fleurs.

Autres usages

  • Le pain trempé dans de l’eau de rose, de l’huile de rose ou du miel rosat, permet « l’amollissement des dépôts »… allez chercher ce que Pline entend par là
  • Le cynorhodon : suc de la racine utilisé contre la rage / le fruit en cendre pris avec du miel contre l’alopécie
    Gallien parle de collyre à base de roses et/ou de chélidoine (d’où le terme de chelidonium pour ce remède). Ces collyres étaient faits à base d’huile.
  • Apparemment beaucoup de collyre étaient fait en faisant bouillir le suc de la plante recherchée dans de l’eau de rose.
  • L’huile de rose apparaît comme base de nombres de remèdes. Avec de la verveine ou de la chélidoine ça éclaircit la vue (fait disparaître les mouches noires, les nuages,…)
  • Pour faire des pastilles : on mélange le suc de rose avec de la farine d’orge et on en fait des petites boulettes qu’on laisse sécher. (HN, XXV 43)
  • Pousses et fleurs du saule ou de gattilier mêlées à l’huile de rose permettent de lutter contre la gueule de bois (HN, XXIV 38)
  • Les feuilles [de lierre] les plus molles, appliquées sur la tête, calment la céphalalgie, et elles agissent principalement sur le cerveau et la méninge. On les emploie aussi à cet effet, pilées avec du vinaigre et de l’huile rosat, puis bouillies, et mêlées à une nouvelle dose d’huile rosat. On les applique sur le front, et avec leur décoction on fomente la bouche et on frotte la tête.
  • Cérat de Galien : il se compose de cire d’abeille (1 dose) que l’on dissout en chauffant dans de l’huile d’amande douce (4 doses) en remuant continuellement, après quoi on ajoute de l’eau de rose (3 doses) petit à petit durant le refroidissement. Du borax était utilisé comme conservateur dans le temps mais la substance est toxique et Pline déjà à son époque en décommande l’usage dans le mélange.
  • Cérat : produit à base de cire ou d’huile / Pommade : produit à base de graisse animale / Onguent : produit contenant des substances résineuses. [Source : Dictionnaire de médecine, de chirurgie, de pharmacie, de sciences accessoires et de l’art vétérinaire, 1834]
  • La rosa canina (ou églantier) produit un fruit semblable à la châtaigne qui est efficace pour les calculeux. Pline précise que ce fruit n’est pas le cynorhodon. [HN, XXIV 74]
  • Avec l’axonge (saindoux le plus fin) la fleur de la rosa canina est utilisée contre l’alopécie.
  • On dit que [la cendre du Tamarix] mêlée à de l’urine de bœuf, et prise en boisson ou en aliment, elle fait cesser pour jamais les désirs vénériens. Le charbon de ce même bois, éteint dans de l’urine de bœuf et gardé à l’ombre, se résout en cendre quand on veut l’allumer. Suivant la tradition des mages, l’urine d’un eunuque produit le même effet.

 

Sources ((http://latogeetleglaive.blogspot.fr/2014/04/quand-rome-antique-rime-avec-cosmetiques.html
http://latogeetleglaive.blogspot.fr/2013/07/le-parfum-dans-lantiquite-romaine.html
http://www.scienceinschool.org/2011/issue21/caesar
http://routesduparfum.blogspot.fr/
Pline l’Ancien, Histoires naturelles, livre XIII (parfums), livre XXI (fleurs et guirlandes LXXIII), livre XIV (vin de rose) ))

Auteur : Legion VIII Augusta

Histoire vivante et reconstitution historique du Ier siècle après J.C.

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