Titus Avidius Quietus

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La chronologie

Nous ne disposons que d’un tout petit nombre de documents pour reconstituer la carrière de Titus Aviedus Quietus aussi ignorons-nous en grande partie son cursus prétorien.

La faveur de Domitien malgré des amitiés dangereuses

« Avidius Quietus, qui avait pour moi la plus tendre amitié, et qui m’honorait d’une estime dont le souvenir ne m’est pas moins cher, me parlait souvent de Thraséas avec lequel il avait été intimement lié»(( Epistularum, Pline à Quadratus , VI, XXIX))

Ces quelques lignes soulignent les liens privilégiés qui unissaient Pline et Titus Avidius Quietus ((« Auidius Quietus, qui me unice dilexit et – quo non minus gaudeo – probauit, ut multa alia Thraseae – fuit enim familiaris » – (VI, XXIX. –C- PLINIUS QUADRATO SUO S).)). Elles nous révèlent aussi des amitiés qui pouvaient s’avérer bien dangereuses sous Néron comme sous les Flaviens : Avidius Quietus était intimement lié avec Publius Claudius Thrasea Paetus !
L‘intransigeance des convictions stoïciennes de ce sénateur philosophe déplut fortement à Néron. Condamné à mort, en 66, Thrasea s’ouvrit, comme il convenait dans le cas d’un suicide commandé par le Prince, les veines et les artères des deux poignets ((Catherine SALLES, la Rome des Flaviens, Perrin, 2002. Thrasea Paetus sortit ostensiblement du sénat quand celui ci décréta les honneurs officiels à Agrippine après sa mort, puis il s’opposa à la peine de mort prononcée par ce même sénat à l’encontre du Préteur d’Antistius…)).
Sa fille, Fannia, épousa Helvidius Priscus Père. Ce sénateur, de tempérament violent, ne manqua aucune occasion de s’opposer à Vespasien. Il eut même la suprême audace de critiquer, en plein sénat, la volonté de désigner son fils aîné Titus comme successeur ! D’abord exilé, Helvidius Priscus fut ensuite exécuté sur ordre de Vespasien.
Pourtant, ce qui est « vix credibile » ( à peine croyable), Domitien ne tint pas compte des relations passées mais bien encombrantes d’Avidius Quietus et le plaça au sénat ((Brian W. JONES, Domitian’s Attitude to the Senate, The American journal of Philology, Vol.94, n° 1, 1973.)).
Après l’assassinat de Domitien, en 97, vint le temps des inévitables règlements de comptes. Pline osa attaquer Publicius Certus, délateur à ses heures, pour avoir poursuivi en justice Helvidius Priscus. Lors de cette séance très mouvementée du sénat, Avidius Quietus défendit Fannia ((« Omnes Certum nondum a me nominatum ut nominatum defendunt crimenque quasi in medio relictum defensione suscipiunt. Quae praeterea dixerint, non est necesse narrare: in libris habes; sum enim cuncta ipsorum uerbis persecutus. Dicunt contra Auidius Quietus, Cornutus Tertullus: Quietus, iniquissimum esse querelas dolentium excludi, ideoque Arriae et Fanniae ius querendi non auferendum, nec interesse cuius ordinis quis sit, sed quam causam habeat. »(Pline, IX, XIII, C- PLINIUS QUADRATO SUO S) )), la fille de son défunt ami Thrasea et Arria sa veuve :

« Tous entreprennent de le justifier d’une accusation générale, et qui ne tombait encore sur personne. Il n’est pas nécessaire de vous raconter ce qu’ils dirent. Vous le trouverez dans mes livres; j’y ai rapporté leurs propres termes. Avidius Quietus et Tertullus Cornutus furent d’un sentiment contraire. Quietus représenta que rien n’était plus injuste que de ne vouloir pas écouter les plaintes de ceux qui se prétendent offensés; qu’il ne fallait donc pas priver Arria et Fannia du droit de se plaindre, ni s’embarrasser du rang de la personne, mais examiner la cause.» ((Epistularum, Pline à Quadratus, IX, XIII,))

Légat de Thrace puis légat de la VIII (82-84 ?)

Une tablette de bronze bien datée du 15 juin ou juillet (Idibus iu ?) de l’année 82 par le consulat conjoint de Domitien et de Titus Flavius Sabinus mentionne Titus Aviedus Quietus.

tablette de bronze
Im(peratore) Domitiano [ Aug(usto) VIII]/T(ito) Flavio Sabi[no co(n)s(sulibus)]/Idibus Iu[?]
in colonia Flavia Pacis Deultensium in [curia?] / [—]talca et C(aius) Occeius Niger IIviri verba fec[cerunt] [Avi] /dio Quieto leg(ato) Aug(usti) ornatissimo viro [deferendum patrocinium]/ coloniae nostrae esse q(uid) d(e) e(a) r(e) f(ieri) [p(laceret) d(e) e(a) r(e) i(ta) c(ensuerunt)]/ cum militaverimus in leg(ione) VIII Aug(usta) et poti[ti honesta missione] /
a sacratissimo imp(eratore) in coloniam Deultum [deducti simus ei quod non ]/ dum alicui secondum summam human[itatem dandum esse ut] / [velit] pat[rocinium] succipere coloniae n[ostrae tabulamque de] / [ea re con]scriptum in domu sua poni per[mittere ut sic colo] /
[niae nostrae] humanitate sua increment[um addat quippe] / [cui omnia singula] que eius nota sint / [scri] bendo adfuerunt / [—] Modestus C(aius) Sentilius Clemens / [—]us Valentinus / [—]ius Sentilius Cl(laudius) E[—]/((CIL, VI, 03828, = CIL, VI,31692 = AE, 1950, 0004, Rome, Esquilin))
A l’empereur Domitien , consul pour la VIIIe fois et au consul Titus Flavius Sabinus.
Aux ides de ju(in ou juillet), dans la curie de la colonie flavienne de Deultum, les duovirs
—talca et Caius Occeius Niger ont tenu ces propos adressés à Avidius Quietus, légat d’Auguste et homme très illustre.
Un patronage doit être accordé à notre colonie. Ce qu’ils décidèrent de faire à ce sujet, ils le décrétèrent en ces termes : Puisque nous avons servi dans la VIIIe légion Auguste et que , ayant obtenu notre congé honorable, nous avons été déduits par l’Imperator le plus sacré (Vespasien) dans la colonie de Deultum, il faut imputer à celui-ci, conformément à son immense générosité, ce qui ne l’a pas encore été à quelqu’un, à savoir qu’il accepte d’assumer la protection de notre colonie et de permettre que soit placée dans sa demeure la tablette gravée à ce propos afin qu’ainsi par sa générosité il accorde en plus le développement à notre colonie car il connaît tout de celle-ci dans ses moindres détails.
Modestus Caius Sentilius Clemens, —-us Valentinus, —ius Sentilius Claudius, E—furent présents pour l’écrire.

Si nous interprétons bien ce document, des légionnaires de la VIIIe Augusta, après 25 ou 26 années de service, ont reçu leur « honesta missio » et accepté leur déduction dans la colonie de Deultum, créée par Vespasien pour installer ses vétérans. Peut-être certains d’entre eux étaient originaires de cette région, aujourd’hui le village de Debelt, en Bulgarie, vingt-cinq kilomètres à l’ouest de la ville moderne de Bourgas.
Devenus duumvirs, deux de ces vétérans x et Caius Occeius Niger remarquent que leur colonie n’a pas de patron. Ils décident de solliciter la protection du légat d’Auguste Titus Avidius Qiuetus probablement gouverneur de Thrace ce qui lui permettrait de connaître, dans ses moindres détails, leur colonie. Dans leur requête ils soulignent : « puisque nous avons servi dans la VIIIe légion » donc sa nomination à la tête de la VIIIe légion, poste qu’il aurait occupé pendant les années 82-84 (( René GOGUEYet Michel REDDE, Le camp légionnaire de Mirebeau, RGSM 36, Mayence, 1995. Ces deux auteurs soulignent la qualité du recrutement des légats de la VIII, pendant l’ère flavienne, puisque cinq d’entre eux deviennent gouverneurs consulaires et exercent d’importantes fonctions et responsabilités militaires.)), pourrait avoir guidé leur choix.

Consul suffect en 93

Deux documents, un diplôme militaire et les « Fasti Potentini », témoignent de l’ascension de Quietus et de sa nomination au consulat suffect.

Diplôme militaire (inédit ) de Syrie
IMP CAESAR DIVI VESPASIANI F DOMITIANVS AVGVS
TVS GERMANICVS PONTIFEX MAXIMVS TRIBVNIC PO
TESTAT XII IMP XXII COS XVI CENSOR PERPETVVS P P
EQVITIBVS ET PEDITIBVS QVI MILITANT IN ALIS QVAT
TVOR ET COHORTIBVS SEPTEM QVAE APPELANTVR
GALLORVM ET THRACVM ANTIANA ET PHRYGUM
ET GEMINA SEBASTENA ET III THRACVM AVGUSTA
ET I ASCALONITANORVM ET I THRACVM MILLIARIA
ET I ITVRAEORVM ET II THRACVM CIVIVM ROMANO
RVM ET IIII CALLAECORVM BRACARAVGVSTAN
ORVM ET IIII THRACVM SYRIACA ET AVGVSTA PANNO
NIORVM ET SVNT IN SYRIA SVB M CORNELIO
NIGRINO QVI QVINA ET VICENA STIPENDIA AVT
PLVRA MERVERVNT ITEM DIMISSIS HONESTA
MISSIONE EMERITIS STIPENDIIS QVORVM
NOMINA SVBSCRIPTA SVNT IPSIS LIBERIS POSTE
RISQVE EORVM CIVITATEM DEDIT ET CONVBI
VM CVM VXORIBVS QVAS TVNC HABVISSENT
CVM EST CIVITAS IIS DATA
AVT SI QVI CAELIBES
ESSENT CVM IIS QVAS POSTEA DVXISSENT DVM
TAXAT SINGVLI SINGVLAS
A D IIII IDVS AVGVST
SEX LUSIANO PROCVLO T AVIDIO QVIETO COS
COHORT I ASCALONITANORVM CVI PRAEST
C COELIUS C F ARN MONTANVS
PEDITI
MAGAE CLEONIS F LYCIO
DESCRIPTVM ET REGONITVM EX TABVLA AENEA
QVA FIXA EST ROMAE IN MVRO POST TEMPLVM
DIVI AVG AD MINERVAM
L’empereur César Domitien, fils du divin Vespasien, Auguste, Vainqueur des Germains, Souverain Pontife, investi de la puissance tribunitienne pour la XIIe fois, acclamé XXII fois Imperator, Consul pour la XVIe fois, Censeur perpétuel, Père de la Patrie, aux cavaliers et aux fantassins qui servent dans les quatre escadrons de cavalerie (Alis) et les sept cohortes suivantes…[suit le nom des unités], se trouvant en Syrie, sous le commandement de Marcus Cornelius Nigrinus qui :
– ont accompli leurs 25 stipendia ou plus.
– reçu leur congé honorable, « honesta missio ».
– et dont les noms sont écrits ci-dessous.
A eux mêmes, à leurs enfants et à leurs descendants, a donné la citoyenneté romaine et le droit au mariage avec les épouses qu’ils auraient au moment où leur fut conférée la citoyenneté, ou pour ceux qui auraient été célibataires pour les épouses qu’ils prendront par la suite, à condition que ce soit une femme pour un homme.
Fait le 10 août 93, sous le consulat de Sextus Lusianus Proculianus et de Titus Avidius Quietus.
A la première cohorte d’Ascalon (Palestine) que commande Caius Coelius Montanus, fils de Caius de la tribu Arniensis.
Au fantassin ((un archer à pied par opposition aux archers montés de cette cohorte)) Maga fils de Cleon, originaire de Lycie.
Transcrit et reconnu conforme à la table de bronze qui a été placardée, à Rome, sur le mur derrière le temple d’Auguste Divinisé et prés de Minerve ((près de la statue de Minerve sûrement))

Ce diplôme se date par la XIIe puissance tribunitienne de Domitien, accordée le jour anniversaire de son accession au trône, le 14 septembre, puis par le quatrième jour avant les ides du mois d’août suivant, soit le 10 août 93.

Sex(to) Pompeio Colle[ga M(arco) Peducaeo Priscino co(n)s(ulibus)] / [T(itus)] Avidius Q[uietus(?)((AE 1949, 00023 = AE 2003, 00588. Potenza, Potentia .))

Donc Titus Avidius Quietus était bien consul (suffect) au mois d’août 93 aux cotés des consuls de l’année : Sextus Pompeius Collega et Marcus Peducaeus Priscinus.

Gouverneur de Bretagne (97-101)

Le diplôme militaire de Flemalle-Haute nous prouve que Quietus succèda à Publius Metellus Nepos au gouvernement de la province impériale consulaire de Bretagne ((Léon HALKIN, Le Diplôme militaire de Flemalle-Haute, 1913. Université de Liège.)) et fut maintenu à son poste par Trajan.

diplôme militaire de Flemalle-Haute
IMP CAESAR DIVI NERVAE F NERVA TRAIANVS
AUGUSTUS GERMANICVS PONTIFEX MAXIMVS
TRIBUNIC POTESTAT COS II EQUITIBUS ET
PEDITIBVS QVI MILITANT IN ALIS
COHORTIBVS SEX QVAE APPELLANTVR
AVG PROCVLEIANA C R ET I TVNGRORVM
ET I HISPANORVM ASTVRVM ET I HISPANORVM
ET I CELTIBERORUM ET I FIDA VARDVLLORVM C R
ET II LINGONVM ET II NERVIO
RVM ET SUNT IN BRITANNIA SVB T AVIDIO
QUIETO ITEM DIMISSIS HONESTA MISSIONE A –
METILIO NEPOTE QVI QVINA ET VICENA PLVRAVE
STIPENDIA MERVERVNT QVORVM NOMI
NA SVBSCRIPTA SVNT IPSIS LIBERIS POSTERIS
QVE EORVM CIVITATEM DEDIT ET CONVBIVM
CVM VXORIBVS QVAS TVNC HABVISSENT CVM
EST CIVITAS IIS DATA AVT SI QVI [CAELIBES
ESSENT CVM IIS QVAS POSTEA DVXISSENT DVM
TAXAT SINGVLI SINGVLAS —————————–
DESCRIPTVM ET REGONITVM EX TABVLA AENEA
QVA FIXA EST ROMAE IN MVRO POST TEMPLVM
DIVI AVG AD MINERVAM]((CIL, XIII, 3606))
L’empereur César Trajan, fils du divin Nerva, Auguste, Vainqueur des Germains, Souverain Pontife, investi de la puissance tribunitienne, Consul pour la IIe fois, aux cavaliers et aux fantassins qui servent dans les escadrons de cavalerie (Alis) et dans les six cohortes suivantes…[suit le nom des unités]
se trouvant en Bretagne, sous le commandement de Titus Avidius Quietus, de même à ceux qui ont reçu leur congé honorable de Metilius Nepos et qui ont accompli leurs 25 stipendia ou plus et dont les noms sont écrits ci-dessous, à eux mêmes , à leurs enfants et à leurs descendants, a donné la citoyenneté romaine et le droit au mariage avec les épouses qu’il auraient au moment où leur fut conférée la citoyenneté, ou [ pour ceux qui auraient été célibataires pour les épouses qu’ils prendront par la suite, à condition que ce soit une femme pour un homme.
Fait le ?? 98 (le deuxième consulat de Trajan indique cette année), sous le consulat de ?? et de ??.
Cavalier (ou fantassin) du ou de …. que commande…..
Bénéficiaire(s)……
Transcrit et reconnu conforme à la table de bronze qui a été placardée, à Rome, sur le mur derrière le temple d’Auguste Divinisé et prés de Minerve ((près de la statue de Minerve sûrement))

Une domus sur le Quirinal

Des travaux de voirie sur le Quirinal ont livré, à plusieurs reprises, des sections de murs en briques appartenant à une vaste maison d’époque impériale avec un nymphée.
Les canalisations d’eau découvertes juste au-delà de la porte Esquilina ((Roberto BARTOLONI, News digs in Rome, Archaeology, vol.49, n°1, January/February 1996.)), dans un espace situé entre la via della Consulta ( Clivus Salutis), la via Nazionale (Vicus Longus), la via Mazzarino et la Via du XXIV Mai, portent des inscriptions :

Soit T • AVIDI QVIETI et au dos XX ((CIL, XV, 7400 a))
soit T • AVIDI QVIETI ((CIL, XV, 7400 b))

Ces marques de propriété nous suggèrent que la grande demeure patricienne de la gens Avidia occupait, sur le Quirinal, l’emplacement de l’actuel palais Rospigliosi-Pallavicini et de ses jardins.

Les AVIDII

« L’état et l’entretien des enfants, appelés ici du nom de g-Threptoi (nourris), sont la matière d’une grande question qui intéresse toute la province. Comme, dans les constitutions de vos prédécesseurs, je n’ai trouvé sur ce sujet aucune décision, ni générale ni particulière, qui s’appliquât à la Bithynie, j’ai cru devoir vous consulter sur vos intentions à cet égard : car je ne pense point qu’il me soit permis de me régler par des exemples dans ce qui ne doit être décidé que par votre autorité. On m’a lu un édit qu’on me disait être d’Auguste pour Annia, des lettres de Vespasien aux Lacédémoniens, de Titus aux mêmes et aux Achéens et enfin de Domitien aux proconsuls Avidius Nigrinus, Arménius Brocchus, et aux Lacédémoniens. Je ne vous les envoie point, parce que ces pièces ne me paraissent pas en assez bonne forme ; quelques-unes même ne me semblent pas authentiques. Je sais d’ailleurs que les véritables originaux sont en bon état dans vos archives.» ((Pline, Epistularum, Pline à l’empereur Trajan, X, XXVI))

Cette lettre de Pline ((Magna, domine, et ad totam prouinciam pertinens quaestio est de condicione et alimentis eorum, quos uocant g-threptous. In qua ego auditis constitutionibus principum, quia nihil inueniebam aut proprium aut uniuersale, quod ad Bithynos referretur, consulendum te existimaui, quid obseruari uelles; neque putaui posse me in eo, quod auctoritatem tuam posceret, exemplis esse contentum. Recitabatur autem apud me edictum, quod dicebatur diui Augusti, ad Andaniam pertinens; recitatae et epistulae diui Vespasiani ad Lacedaemonios et diui Titi ad eosdem et Achaeos et Domitiani ad Auidium Nigrinum et Armenium Brocchum proconsules, item ad Lacedaemonios; quae ideo tibi non misi, quia et parum emendata et quaedam non certae fidei uidebantur, et quia uera et emendata in scriniis tuis esse. (Pline, Epistularum, X, LXXI, C- PLINIUS TRAIANO IMPERATORI) )) à Trajan indique qu’un personnage du nom d’Avidius Nigrinus fut proconsul d’Achaïe sous Domitien. Titus Aviedus Quietus et Aviedus Nigrinus étaient probablement deux frères ((Herman PATZIG, Quaestiones Plutarchae, Bertolini, 1876 et Théodore MOMMSEN, Ephemeris epigrammata, IV, 1881.)), deux amis intimes de Plutarque qui leur dédia « De l’amitié fraternelle » :

« [1] Les Spartiates appellent “Docanes” les images emblématiques anciennement dressées en l’honneur des Dioscures. Ce ne sont autre chose que deux pièces de bois parallèles jointes par deux traverses ; et l’union indivisible de ces pièces semble représenter parfaitement l’amitié qui unissait les deux frères. Ainsi je veux moi-même, mon cher Nigrinus et mon cher Quietus ( ?), vous offrir cet écrit composé sur l’amitié raternelle. C’est un commun présent dont vous êtes dignes. Les conseils qu’il renferme, vous les pratiquez déjà; et vous semblez plutôt faits pour servir de modèle à cet égard, que pour recevoir des leçons. Vous serez heureux, pourtant, de voir le bel exemple que vous donnez, accueilli, comme sur un théâtre, par des spectateurs vertueux et amis du beau. Cette satisfaction ne pourra que vous affermir dans la résolution de persévérer. » (L. Mestrius Plutarchus, de l’Amitié fraternelle((C.F. KONRAD, Plutarch’s Sertorius, An Historical Commentary, University of North Carolina Press, 1994.)).)

Plutarque s’adresse à encore Quietus dans son introduction sur « Les délais de la Justice divine » :

« Épicure ayant ainsi parlé, mon cher Quietus ( ?), nous nous trouvâmes, avant que personne eût pu lui répondre, arrivés au bout du portique. Là il nous quitta brusquement, et disparut. Nous nous arrêtâmes en silence : juste le temps de nous étonner de cette bizarrerie ; et, après nous être regardés les uns les autres, nous revînmes sur nos pas, nous promenant derechef comme auparavant. Patroclès prit alors le premier la parole : “Eh bien, dit-il, que vous en semble? Laisserons-nous là cette question ? Ou bien, encore qu’il nous ait faussé compagnie, répondrons-nous à ses paroles comme s’il était présent ? » ((L. Mestrius Plutarchus. Les délais de la justice divine. – Sur ceux que la justice divine punit tardivement)).

Portrait de Avidia Plautia
Portrait de Avidia Plautia

Le fils homonyme de Titus Avidius Quietus devint consul suffect en 111 ((CIL 14, 04543 = EAOR-04, 00010 = AE 1933, 00030 = AE 1939, +00052 = AE 1949, +00023 = AE 1955, +00120 = InscrIt-13-01, p 199.Latium et Campania / Regio Ostia Antica.
Imp(erator) Traianus lusionem tertiam(?) muneris] / secundi edere coepit quam consummavit III K(alendas) Apr(iles) / diebus XIII pp(aribus) CCCXL pr(idie) Non(as) Iun(ias) Imp(erator) Traianus / munus secundum edere coepit / IIvir(i) A(ulus) Manlius Augustalis C(aius) Iulius Proculus / [A(ulus)] Cornelius Palma II P(ublius) Calvisius Tullus / K(alendis) Marti(i)s L(ucius) Annius Largus / K(alendis) Mai(is) Cn(aeus) Antonius Fuscus C(aius) Iulius Philopappus / K(alendis) Sept(embribus) C(aius) Aburnius Valens C(aius) Iulius Proculus / X K(alendas) Iul(ias) Imp(erator) Nerva Traianus Caes(ar) Aug(ustus) Germ(anicus) / Dacicus thermas suas dedicavit et publicavit / VIII K(alendas) Iul(ias) aquam suo nomine tota urbe / salientem dedicavit K(alendis) Nov(embribus) Imp(erator) Traianus / munus suum consummavit diebus CXVII / gladiatorum pp(arium) XXXX(milibus) DCCCCXLI s(emis) III Id(us) Nov(embres) / [I]mp(erator) Traianus naumachiam suam dedicavit / [in] qua dieb(us) VI pp(aria) CXXVII s(emis) et consumm(avit) VIII K(alendas) Dec(embres) / [IIvir(i)] M(arcus) Valerius Euphemianus C(aius) Valerius Iustus / [M(arcus) Peducaeu]s Priscinus Ser(vius) Scipio Orfitus / [3 C(aius) Av]idius Nigrinus Ti(berius) Iulius Aquila / [3 L(ucius)] Catilius Severus C(aius) Erucianus Silo / [3] A(ulus) Larcius Priscus Sex(tus) Marcius Honoratus / [II]vir(i) P(ublius) Naevius Severus D(ecimus) Nonius Pompilianus / [C(aius) Cal]purnius Piso M(arcus) Vettius Bolanus / [K(alendis) Ma]i(is) T(itus) Avidius Quietus L(ucius) Eggius Marullus / [K(alendis) Sept(embribus)] L(ucius) Octavius Crassus P(ublius) Coelius Apollinaris / [IIvir(i) c(ensoria) p(otestate) q(uinquennales)] / C(aius) Nasennius Marcellus III p(atronus) c(oloniae) / [C(aius)] Valerius Iustus II / [Imp(erator) Nerva Traianu]s Caes(ar) Aug(ustus) Germ(anicus) Dac(icus) VI T(itus) Sextius Africanus / [Id(ibus) Ian(nuariis?) M(arcus?)] Licinius Ruso / [3 Cn(aeus) Cor]nelius Severus Q(uintus) Valerius Vegetus / [3 P(ublius) Sterti]nius Quartus T(itus) Iulius Maximus / [3 C(aius) Clau]dius Severus T(itus) Settidius Firmus / [K(alendis) Ia]nuar(iis) Imp(erator) Traianus forum suum et / [bas]ilicam Ulpiam dedicavit III K(alendas) Febr(uarias) Imp(erator) / [Tra]ianus ludos commisit theatris tribus / [dieb]us XV in is missilia triduo et K(alendis) Martis / [cir]censes [miss]us XXX qua die senatui et equestri / [ord]ini [epulum d]edit VII K(alendas) Iulias Imp(erator) Traianus / [3]iam edere coepit IIII K(alendis) Septembr(ibus) / [Marciana Aug]usta excessit divaq(ue) cognominata / [eodem die Mati]dia Augusta cognominata III / [Non(as) Sept(embres) Mar]ciana Augusta funere censorio / [elata est 3] Imp(erator) Traianus reliqua paria / [3]ae edere coepit qui dies vindemi/[alis nom(inatus)] XI K(alendas) Sept(embres) aedis Volkani vetustate corrupta / [restituta or]nato opere dedicata est / [IIvir(i)] / [3 L]ongus Grattianus Caninianus / [3 F]adius Probianus / [L(ucius) Publilius Celsus] II C(aius) Clodius Crispinus / [K(alendis) Mart(iis) Ser(vius)] Cornelius Dolabella / [K(alendis) Mai(is) 3]us Noricus L(ucius) Fadius Rufinus / [K(alendis) Sept(embribus) 3]us Urbicus T(itus) Sempronius Rufus / [3 M]aias consummata sportula III / [lusionibus] pp(aribus) MCCII IIII Id(us) Mai(as) Imp(erator) Traianus / [templum Ve]neris in foro Caesaris et / [columna]m in foro suo dedicavit pr(idie) Id(us) Mai(as) 
)). Celui de Nigrinus (son neveu donc), Caius Avidius Nigrinus, fut consul suffect en 110 et probablement « legatus Augusti pro praetore » d’Achaïe, chargé par Trajan d’une mission extraordinaire « Ad ordinandum statum liberarum civitatum » (C I L, III, 567). Accusé de complot il fut exécuté sur ordre d’Hadrien ((Ce Caius Avidius Nigrinus aurait été l’un des quatre consuls, fidèles de Trajan, sommairement exécutés pour « avoir voulu renverser Hadrien ». Hadrien refusa toute part de responsabilité dans les exécutions qui conclurent la « bien ténébreuse affaire des quatre consulaires »et en imputa la faute au Sénat. Devant le mécontentement, il adressa tout de même à cette assemblée la promesse écrite de ne plus exécuter de sénateur sans « véritable procès ».)) ce qui n’empêcha pas sa fille Avidia Plautia (voir portrait) ((CIL 10, 06706. Latium et Campania / Regio I. Antium
Somno Aeterno sacr(um) / C(aio) Avidio Laconi Avidiae Plautiae Nigrini fil(iae) [Imp(eratoris) Caes(aris)] / L(uci) Aureli Veri Aug(usti) amitae lib(erto) Antistia Magna ux[or et] / C(aius) Avidius Euphrosynus f(ilius) f(ecerunt) venditor tuq(ue) e[mpt(or) cavete] / dabitis enim a(erario) p(opuli) R(omani) HS XX(milia) n(ummum) delator accipie[et quartam] / Imp(eratori) L(ucio) Aurelio Vero Aug(usto) III M(arco) Ummidio Quadrato co(n)s(ulibus) II[I K(alendas) Ian(uarias?)] / Avidius Lacon emit locum ariae p(edum) n(umero) XVIII de Ti(berio) Cl(audio) P[haedro(?)] / agro Autolyci Aug(usti) lib(erti) via Latina euntib(us) ab urb(e) par[te laeva(?) sub(?)] / agro Peduceiano in f(ronte) p(edes) VI in ag(ro) p(edes) II.
)), d’épouser Aelius César ou Lucius Ceionius Commodus et de devenir la mère de Lucius Verus (Imperator Caesar Lucius Aurelius Verus Augustus, 161-169 – voir portrait).

Portrait de Lucius Verus - Imperator Caesar Lucius Aurelius Verus Augustus
Portrait de Imperator Caesar Lucius Aurelius Verus Augustus

Stemma

Stemma simplifiée des Avidii
_______________________I_______________________
I
Titus Avidius Quietus, père
I
I
Avidius Nigrinus
I
I
Titus Avidius Quietus, le jeune
Consul suffect en 111
Proconsul d’Asie (125/126)
Son nom figure sur les murs du temple de Jupiter à Æzani (Çavdarhisar, Turquie)-voir photo en couverture-
I
Caius Avidius Nigrinus
Consul suffect en 110
Gouverneur de Dacie en 117
Exécuté en 118
I
I
Avidia Plautia <> Lucius Ceionius Commodus
(ou Lucius Aelius César)
janvier 101-janvier 138
fils adoptif d’Hadrien
I
I
Lucius Verus
Gouverne avec Marc Aurèle de 161 à 169
Sous le nom d’Imperator Caesar Lucius Aurelius Verus Augustus

Auteur : Legion VIII Augusta

Histoire vivante et reconstitution historique du Ier siècle après J.C.

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