Numisius Lupus
Par Legion VIII Augusta • Publié dans : Corpus
Seuls, deux passages des Histoires de Tacite tirent ce légat de l’oubli. Aucune autre mention dans les textes, aucune trace épigraphique ne nous permettent, à ce jour, de développer notre sujet.
L’hiver 68-69
Neuf mille cataphractes rhoxolans déferlent sur la Mésie inférieure. Trois légions, les VIII Augusta, III Gallica et VII Claudiana jugulent le flot des pillards. La pluie et la boue, la neige, lourde et profonde, favorisent l’infanterie romaine face à cette cavalerie lourde et offrent la victoire à Rome.
Marcus Otho Caesar Augustus n’est empereur que depuis peu (15 janvier 69) lorsqu’il apprend ce fait d’arme. Il accorde la gloire d’une statue triomphale à Marcus Aponius Saturninus, légat consulaire de Mésie et octroie les honneurs consulaires à Numisius Lupus légat de la VIII Augusta, à Aurelius Fulvius, légat de la III Gallica ainsi qu’ à Tettius Julianus, légat de la VII Claudiana.
Numisius Lupus ne peut trouver place dans la liste des consuls, prévue à l’avance, mais il bénéficie des insignes et avantages de cette fonction.
Les esprits tournés à la guerre civile ne songeaient plus aux dangers du dehors. Enhardis par cette négligence, les Rhoxolans, nation sarmate, après avoir massacré l’hiver précédent deux cohortes romaines, s’étaient jetés pleins d’espérance sur la Mésie, au nombre de neuf mille cavaliers tous animés d’une audace que doublait le succès, et plus occupés de butin que de combats. Pendant qu’ils erraient sans prévoyance, la troisième légion, soutenue des auxiliaires, les assaillit tout à coup. Du côté des Romains, tout était disposé pour l’action ; les Sarmates, dispersés par l’ardeur de piller ou surchargés de bagages, et ne pouvant tirer parti de la vitesse de leurs chevaux dans des chemins glissants, se laissaient égorger comme des hommes enchaînés : car c’est une chose étrange à quel point tout le courage des Sarmates semble être hors d’eux-mêmes. Rien de si lâche pour combattre à pied ; quand leurs bandes arrivent à cheval, il est peu de troupes en bataille capables de résister. C’était un jour de pluie et de dégel : ni les piques, ni ces longs sabres qu’ils tiennent à deux mains, ne pouvaient leur servir, à cause des faux pas de leurs chevaux et du poids de leurs cataphractes. C’est une armure que portent les chefs et la noblesse : des lames de fer ou des bandes du cuir le plus dur en forment le tissu ; mais, impénétrable aux coups, elle ôte au guerrier abattu par le choc des ennemis la facilité de se relever ; ajoutons la neige molle et profonde où ils s’engloutissaient. Le soldat romain, vêtu d’une cuirasse plus souple, envoyait son javelot ou chargeait avec la lance ; et, tirant au besoin sa courte épée, il en perçait le Sarmate découvert ; car ce peuple ne connaît pas l’usage du bouclier. Enfin le peu qui échappèrent du combat se cachèrent dans des marais, où la rigueur du froid et les suites de leurs blessures les firent tous périr. Quand cette nouvelle fut connue à Rome M. Aponius, gouverneur de Mésie, fut récompensé par une statue triomphale ; Fulvius Aurélius, Julianus Titius et Numisius Lupus, commandants de légions, reçurent les ornements consulaires. Othon se réjouissait, et, s’attribuant l’honneur de ce succès, il se faisait gloire d’être aussi un prince heureux à la guerre, et d’avoir par ses généraux et par ses armées agrandi la république.
(Tacite, Histoires, I, LXXIX )
Rendez-vous à Vérone
Après la défaite puis le suicide d’Othon (16 avril 69), Numisius Lupus choisit tout naturellement le parti de Vespasien contre Vitellius. Il quitte son camp de Novae (Mésie) et vient renforcer, avec sa VIII Augusta, les troupes d’Antonius Primus massées dans la région de Vérone.
« Deux nouvelles légions arrivèrent ensuite : la troisième, commandée par Dillius Aponianus ; la huitième, par Numisius Lupus. Alors on crut bon de faire montre de ses forces et d’établir autour de Vérone une enceinte militaire ». (Tacite, Histoires, III, X)