Projet Tormenta
Par Legion VIII Augusta • Publié dans : Histoire vivante
Est un projet associatif et expérimental sur l’artillerie romaine de l’association Legion VIII Augusta. Dirigé par MM Cabot et Forget, il associe toute à la fois études, fabrication, expérimentation et pédagogie. Est associé à ce projet « Tormentae » plusieurs Lycées Professionnels dont celui de Chardeuil (24) la cheville ouvrière du projet.
Artillerie romaine et archéologie expérimentale
Ou
Comment faire recréer des machines disparues depuis plus d’un millénaire et demi…
Même si on ne peut parler de répliques exactes, il manquera toujours un certain nombre d’éléments pour recréer une machine identique à l’originale, nous disposons cependant de sources diverses et variées qui combinées entre elles permettent de réaliser une évocation à la fois fonctionnelle et assez proche de ses ancêtres de l’époque romaine.
Trois types de sources sont à notre disposition :
- Les sources écrites : le plus souvent il s’agit de textes d’historiens qui, lors des sièges et des batailles nous décrivent l’utilisation des catapultes et des balistes. Plus rares, les textes de savants ou d’ingénieurs sont très précieux car ils nous donnent des informations capitales pour comprendre comment étaient fabriquées ces machines.
- Les sources archéologiques : bien que peu nombreuses, elles permettent d’avoir sous les yeux des pièces originales (même si celles-ci ne sont pas toujours en très bon état). Malheureusement, si les pièces métalliques (bronze et fer) sont plutôt répandues, sauf cas exceptionnel, il ne nous reste rien des pièces en bois ou des cordages en tendons d’animaux.
- Les sources iconographiques : encore plus rares, (moins d’une dizaine au total), ce type de source est pourtant très utile pour se faire une idée précise de l’architecture générale des machines de jet gréco-romaine.
La Légion VIII Augusta dispose actuellement de trois répliques de machines de jet romaine, chacune d’elle ayant pu être reconstituée à partir d’un type de source dominant.
Sources écrites : le scorpion vitruvien
La première de nos répliques a été fabriquée en 2004 par le lycée professionnel de Chardeuil en Dordogne et les plans ont été réalisés à partir d’un texte de l’ingénieur romain Vitruve*. Voici des extraits du chapitre X du tome X de son encyclopédie De Architectura.
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Des proportions des catapultes et des scorpions.
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Je vais maintenant traiter des proportions qu’on peut donner aux machines qui ont été inventées pour nous mettre à l’abri du danger et défendre nos jours : je veux parler des scorpions, des catapultes et des balistes. Toutes les proportions de ces machines se règlent sur la longueur des traits qu’elles sont destinées à lancer. On en prend la neuvième partie pour déterminer la grandeur des trous du chapiteau, à travers lesquels on tend les cordes à boyau qui doivent arrêter les bras des catapultes.
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Voici quelles doivent être la hauteur et la largeur du chapiteau où ces trous sont percés. Les pièces de bois qui composent le haut et le bas du chapiteau, et que l’on nomme parallèles, doivent avoir d’épaisseur le diamètre d’un des trous, et de largeur un diamètre trois quarts. A l’extrémité, elles ne doivent plus se trouver que d’un diamètre et demi. Les poteaux de droite et de gauche doivent, sans les tenons, avoir de hauteur quatre diamètres, et de largeur cinq, et les tenons trois quarts de diamètre. Depuis le trou jusqu’au poteau du milieu, il doit y avoir aussi trois quarts de diamètre. La largeur du poteau du milieu doit être d’un diamètre et un seizième, et son épaisseur d’un diamètre.
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Une plus petite colonne, qui est derrière, appelée en grec ἀντίβασις (Arc-boutant), a huit diamètres; sa largeur est d’un demi-diamètre ; son épaisseur est d’un douzième et un huitième de diamètre. Le chevalet a douze diamètres; son épaisseur et sa largeur sont égales à la grosseur de la plus petite colonne. Le chelonium (Carapace de tortue), ou oreiller, qui est sur la plus petite colonne, a deux diamètres et demi et un neuvième; sa hauteur est la même; sa largeur est d’un demi diamètre et un huitième. Les mortaises du moulinet ont deux diamètres et demi et un neuvième; leur profondeur est égale; leur largeur est d’un diamètre et demi. Les traverses, avec leurs tenons, ont de longueur dix diamètres et un neuvième, de largeur un diamètre et demi et un neuvième, et dix d’épaisseur. La longueur des bras est de huit diamètres et demi ; leur épaisseur, vers le bas, est d’une douzième partie de diamètre et un huitième; vers le haut, elle est d’une troisième partie de diamètre et un huitième. Leur courbure est de huit diamètres.
(Vitruve, De Architectura, tome X, X)
A partir de ce texte, des hypothèses sont émises qui, combinées aux données de Vitruve permettent d’élaborer un plan.
Source archéologique : le scorpio minor de Xanten
En 2006, toujours en partenariat avec le lycée professionnel de Chardeuil, la Légion VIII Augusta réalisa une réplique d’un petit scorpion probablement portatif et cela à partir d’une source archéologique unique mais précieuse car en excellent état : il s’agit d’un capitulum (tablier) retrouvé quasiment intact dans un tourbière à Xanten en Allemagne du nord.
Voici la pièce, une fois restaurée, qui est exposée au musée de Xanten.
A partir de cette pièce, et de l’hypothèse que les dimensions forts modestes de ce tablier expliqueraient qu’il s’agisse d’un modèle portatif, nous avons élaboré les plans de cette machine.
L’étape suivante consiste à fabriquer cette réplique, les élèves de terminale Bac Professionnel menuiserie de Chardeuil se mettent à l’ouvrage :
Sources iconographiques : la carrobaliste
Un projet plus ambitieux voit le jour en 2010 : il s’agit de la fabrication d’une réplique de carrobaliste à partir d’une source iconographique majeure : la colonne Trajane*
A partir de bas-reliefs issu de cette colonne, des hypothèses ont été formulées et un plan élaboré :