La bataille commence, chargez !
Par Legion VIII Augusta • Publié dans : Armée romaine
La bataille commence
Une soixantaine de pièces d’artillerie, catapultes et scorpions, projette pierres et flèches à plus de 200m. Elles harcèlent l’ennemi depuis un bon moment, semant le désordre dans ses premières lignes. C’est le moment d’en profiter !
Signa inferre ! Perge ! Certo gradu !
Autrement dit, En avant ! Marche ! Au pas !
Cors et buccins donnent l’ordre d’avancer. Signifer (porte-enseigne) et centurions se portent en avant, toute la légion les suit, impeccablement alignée sur un front de 200m de largeur, un véritable mur de boucliers (scutum) derrière lesquels les légionnaires sont à peine visibles.
Les hommes avancent en silence, au pas, les yeux rivés sur les lignes ennemies. Ils attendent de leurs centurions des ordres qu’ils connaissent. Ils savent que ces commandements n’arriveront ni trop tôt, ni trop tard. Ils sont prêts à refaire des gestes, des mouvements mille fois répétés dans d’innombrables entraînements, de véritables réflexes.
Chaque pas les rapproche de l’ennemi, ils attendent encore, la gorge nouée, la peur au ventre… les centurions estiment la distance qui les sépare de l’adversaire, la vitesse de leur charge. Maintenant, il ne reste à peine que 40 ou 45 m, juste une poignée de secondes et les ordres fusent :
Infestis pilis ! (En joue !), Pila mittere ! (Feu !)
Les légionnaires projettent les pila, capables, chacun, de traverser un bouclier et l’homme qui le tient. Cette pluie de javelots brise la charge adverse tandis que tous les soldats dégainent leur glaive…
Concursu !
Une immense clameur retentit, la première ligne est au contact : choc des boucliers sur les poitrines, escrime rapide, glaives qui poignardent les côtes ou l’abdomen…
Empoignade féroce, succession de corps à corps, mais la première centurie, bien regroupée autour de son Signifer, conserve sa ligne à l’impact : entraînement ! discipline !
Les Daces, nos actuels Roumains de Roumanie, semblent, malgré leur légendaire bravoure, plus désorganisés. Le tir meurtrier des pila a brisé leur élan et décimé leurs premières lignes. Ils combattent à demi-nu, maniant à deux mains une curieuse épée recourbée. Cette arme, la falx, longue de 90cm, s’avère particulièrement redoutable et efficace. Aussi beaucoup de légionnaires renforcent leur casque par des bourrelets métalliques croisés, portent des jambières (ocrae) et des protections de bras (manica).
Observez bien la technique de combat du centurion. Vous le reconnaissez facilement au premier plan. Il porte une armure segmentée (lorica segmentata). Une crête noire transverse (crista tranversa) surmonte son casque et signale son rang :
- Il lève son bouclier pratiquement à l’horizontale. La falx vient se ficher dans l’épaisseur de son bois, à peine 6mm, et sa pointe recourbée le traverse.
- Ensuite, il s’engage complètement sous le scutum, arme son glaive (gladius) et frappe de bas en haut, à hauteur du ventre. La lame ne pénètre que de 5 centimètres…imparable et mortel !
Le second légionnaire, juste à la gauche de son centurion, s’abrite sous son scutum. Parfaitement en équilibre , il arme son glaive et attend un adversaire qui brandit sa falx à bout de bras.
Avec sa lame courte, d’à peine 50 cm de long pour une largeur moyenne de 4 cm, le gladius est une arme d’estoc : il sert essentiellement à frapper de pointe.
Le troisième légionnaire, vêtu d’une armure à écailles (lorica squamata) semble moins rapide. Il n’a pas levé assez tôt son bouclier! la falx qui entame toute la bordure supérieure l’oblige à rompre. En déséquilibre arrière, il ne peut plus frapper du glaive et perd son avantage. Pas assez entraîné ? peur (cela arrive aux meilleurs) ? Technique de combat insuffisante d’une recrue (un tiro) à un de ses premiers engagements ? 25% de ces jeunes recrues trouvent ainsi la mort dès les premiers affrontements sérieux par manque d’expérience.
A l’arrière-plan, une autre centurie projette ses pila.
Illustrations de Peter Connolly, reproduction avec son aimable autorisation.